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Depuis la première Exposition universelle qui s’est tenue à Londres en 1851, on assiste à une véritable vague d’événements de New York à Sidney en passant par Anvers ou Paris animant le monde industriel. En 1914, Lyon se place dans le sillage d’une trentaine de manifestations. Il faut donc frapper les esprits, organiser un événement qui n’a jamais eu lieu en France : une exposition internationale urbaine.
La ville de Lyon a décidé d’ouvrir le 1er mai 1914 une exposition internationale urbaine qui sera organisée par les soins de l’administration municipale. Le but est de faire connaitre tous les progrès réalisés dans l’ordre de l’administration et de l’hygiène municipale qu’il s’agisse de travaux publics ou d’institutions sociales. L’exposition s’étend sur la surface impressionnante de 75 hectares dans le quartier de la Mouche, jusqu’alors peu investi, au sud de la ville. L’Exposition a une vraie vocation internationale avec plus de 17.000 m2 dédiés aux pavillons des Nations étrangères et une vraie ambition universelle : 17.232 entreprises y présentent leurs activités économiques et industrielles. L’Exposition met en avant son projet d’une cité moderne et originale, qui répond aux problématiques liées au développement urbain, aux besoins nouveaux, aux théories hygiénistes et au nécessaire progrès social. Le projet est porté par quatre hommes, Édouard Herriot, sénateur-maire de Lyon, futur Président du Conseil et ministre, l’architecte urbaniste Tony Garnier, le médecin et hygiéniste Jules Courmont et le vice-Président de la Chambre de commerce de Lyon, Louis Pradel.
Au coeur de l’Exposition, Le Grand Hall est un chef d’oeuvre d’architecture: 210 m de long, 80 m de large pour une surface de 16 800 m². Il est formé d’une audacieuse charpente métallique qui culmine à 21,20 m de haut, exempte de supports intermédiaires, libérant ainsi la totalité de la surface et du volume.
Le Grand Hall de l’Exposition a été conçu dès 1906 par Tony Garnier pour accueillir les Abattoirs de Lyon. Ces nouveaux bâtiments qui doivent remplacer les anciens abattoirs de Vaise et de Perrache insalubres et peu accessibles.
Le Grand Hall est choisi pour être le lieu d’exposition des machines et de l’industrie lourde. La métallurgie, l’éclairage, le chauffage et le transport sont les nouveaux créneaux industriels et leur emplacement au sein du prestigieux et colossal Grand Hall n’est pas un hasard. Le secteur de l’automobile s’octroie donc une très belle place dans les grandes allées du Grand Hall.
Autour des industries et des entreprises, l’accent est mis sur les hôpitaux, le traitement des eaux, la santé publique, la protection de l’enfance, la lutte contre les maladies. Avec l’hygiène urbaine ce sont les sciences municipales (ou plus exactement les sciences du gouvernement) qui émergent au niveau international, et dont Herriot est un des principaux protagonistes.
Le tourisme (avec un grand village alpin reconstitué), la gastronomie (avec le Palais de l’alimentation qui pose les jalons du futur SIRHA) et le patrimoine sont également représentés. Côté arts, l’exposition est remarquable. Quatre axes principaux sont offerts au public. D’abord, le Mobilier national expose des soieries lyonnaises exceptionnelles du Premier Empire et de la Restauration. Le lit de Louis XVIII (aujourd’hui exposé au musée du Louvre) est montré au public pour la première fois depuis 1830 ! La manufacture de Sèvres valorise les créations contemporaines et les innovations techniques dans le domaine céramique.
L’Union centrale des arts décoratifs implique, dans une exposition étonnante, les principaux acteurs de l’Art Déco, onze ans avant l’Exposition de 1925 ! Les Süe, Groult et Ruhlmann notamment y exposent leurs créations.
Si le Salon des peintres lyonnais montre la création picturale lyonnaise tandis que le Salon des peintres modernes permet aux Lyonnais de découvrir la peinture de leur temps : Braque et Picasso notamment créent l’événement. Enfin, Édouard Herriot confie à Félix Desvernay une exposition sur le vieux Lyon, écho très différent de celle réalisée sur le vieux Paris à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900. Elle pose les jalons du musée d’histoire de Lyon qui ouvrira ses portes en 1921 dans l’hôtel de Gadagne.
L’Exposition est enrichie d’une ferme moderne et hygiéniste intégrée au village alpin et d’une importante section d’horticulture. L’horticulture est en effet particulièrement implantée et dynamique à Lyon depuis plusieurs siècles. La cité moderne et l’hygiénisme ne peuvent être promus sans les espaces verts.
Si les soyeux lyonnais ont toujours été très présents lors des expositions universelles montrant au monde leur indéniable supériorité technique et esthétique, ils sont particulièrement bien représentés à l’Exposition internationale urbaine.
La soierie occupe un bâtiment complet et monumental, le Pavillon des soies et des soieries, abritant plus de 430 mètres de vitrines.
La Fabrique est toujours une industrie prestigieuse à Lyon en 1914 et une centaine de soyeux est présente. Ils disposent d’un lieu fabuleux.
La section de l’horticulture est un passage obligé pour se rendre de l’entrée principale au Grand Hall. Le jardin couvre une surface de 20.000 m2, selon les voeux du maire Herriot qui souhaitait qu’il soit de belle dimension. Le Plan général comprend un hall couvert, des serres (pour les plantes délicates), un jardin anglais avec un lac miniature, un jardin paysager où les pépiniéristes peuvent présenter leurs productions les plus sophistiquées. La section inclut en outre un verger et une roseraie. “Les rosiers occupent une place très importante” précise le Guide général de l’Exposition. La majorité des rosiéristes français sont établis dans la région lyonnaise, où la Société française des roses a été créée en 1896 à Lyon. Édouard Herriot est, grâce à son épouse, l’ambassadeur de la capitale des roses.
Le village alpin de l’Exposition de 1914 est la restitution d’une sélection de lieux, d’architectures et de pratiques rurales et agricoles. Il a une vocation pédagogique et touristique car ces lieux sont encore peu accessibles au plus grand nombre. Le village alpin lyonnais aussi pittoresque soit-il, s’inscrit dans la Cité moderne et les théories hygiénistes développées par les organisateurs.
Internationale, l’Exposition de Lyon l’est par la présence d’exposants venant de France, d’Allemagne, d’Angleterre et de ses dominions (Australie et Canada), d’Autriche, de Belgique, du Brésil, du Chili, de Chine, du Danemark, d’Egypte, des Etats-Unis, de Hollande, du Japon, d’Italie, de Perse, de Russie, de Suède, de Suisse. Tous ne représentent pas officiellement leur État. Onze nations étrangères regroupées sur quelque 17000 m2 ont leur propre pavillon.
Les expositions universelles dont le succès va croissant depuis le milieu du XXe siècle et vers lesquelles les visiteurs affluent par millions, deviennent le relais naturel des efforts des politiques en faveur de la colonisation : il faut gagner les Français assez casaniers et repliés sur l’hexagone à l’aventure coloniale.
L’exposition coloniale se compose de plusieurs parties : un pavillon colonial, des souks tunisiens montrant les liens économiques importants existant entre Lyon et ce pays, le pavillon de la rétrospective de la conquête de l’Algérie et le village sénégalais. Des centaines d’Africains sont payés pour jouer leur mode de vie pour les visiteurs de l’Exposition.
L’étonnant développement que connaissent les grandes villes européennes au début du XXe siècle, entraine maints questionnements sur le traitement d’espaces souvent insalubres ravagés par les épidémies. L’urbanisation et l’industrialisation massives ont aggravé les conditions de vie d’une population de plus en plus ouvrière frappée par une forte mortalité. En 1900, les risques de mourir dans sa première année pour un nouveau-né est de 150 pour mille. L’hygiène et la santé urbaines constituent donc des enjeux majeurs ; les villes européennes et Lyon en particulier s’interrogent sur les solutions et les réponses à apporter à ces problématiques. La partie de l’Exposition dédiée à l’urbanisme et à l’hygiénisme regroupait 800 stands.
Visite virtuelle de l’exposition internationale de Lyon en 1914
Bande annonce de la restitution en image de synthèse 3D
réalisée par Le Mog 3D pour l'exposition Lyon, centre du monde ! l'exposition internationale de 1914
présentée aux musées Gadagne du 21 novembre 2013 au 27 avril 2014.
Avec l’autorisation des Musées Gadagne – Lyon