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L'ÉCOLOGIE URBAINE A LYON
DEPUIS LE XVIIIe SIECLE

 

L'écologie est définie comme la "science qui étudie les relations des êtres vivants avec leur environnement" ou en langage moderne "la science qui étudie les écosystèmes". Ce terme a été inventé en 1866 par le biologiste allemand Ernst Haeckel (1834-1919). Le terme "écologie" apparaît donc à la fin du XIXe siècle sous la plume des botanistes qui étudient les causes de la distribution des végétaux sur le globe. Et elle s’est réellement développée à partir de 1930 avec l’école de Chicago, premier courant. C'est Théophraste, philosophe grec, qui est considéré comme le premier botaniste en 300 av J-C.

 

La Botanique à Lyon depuis le XVIe Siècle

 

Le savoir relatif aux végétaux, qu'on appellera plus tard botanique, est déjà inscrit dans les usages pratiques du XVIe siècle.

 

Adélard de Bath (1080 – 1160), moine bénédictin anglais, philosophe, mathématicien et naturaliste développa le concept de la botanique comme une science.

 

Mais en fait c’est au XIIIe siècle que la botanique commença à se développer : et au début de la Renaissance, les hommes s’intéressent à la nature et aux végétaux.

 

A Lyon, les botanistes commencèrent à étudier systématiquement les plantes à partir du XVIe siècle, avec à leur portée des espèces et des variétés nombreuses, des types de sols divers et des micro-climats. Cette activité continua de se développer entre les XVIIe au XIXe siècle.

 

La ville va ainsi attirer de nombreux botanistes. Jacques Daléchamps (1513-1588) est un des plus célèbres, à la fois botaniste, médecin et philologue. Il publia en 1586 l'Historia generalis plantarum. Jean Bauhin, lui, publia en 1650 l’Historia plantarum universalis, décrivant plus de 5.000 plantes.

 

Nous pouvons citer Jean du Choul, Symphorien Champier, Benoît Lecourt, André Caille, Jean Desmoulins, Jean-Antoine Sarrasin, Claude Millet, Jean Girault, Benjamin Delessert, Joseph de Jussieu, Antoine Laurent de Jussieu, Alexis Jordan, l’Abbé Cariot, Georges Nétien et Claret de la Tourette. D’autres auteurs ou traducteurs ayant vécu à Lyon peuvent aussi être indiqués : Guillaume Guéroult, Antoine du Pinet, Robert Constantin, François Rabelais et Jean Bauhin.

Les plus célèbres botanistes étaient Jean-Baptiste Goiffon (1658-1730), Marc-Antoine Louis Claret de la Tourrette (1729 -1793), Pierre Poivre (1719-1786), Philibert de Commerson (1727-1773), l'abbé François Rozier (1734-1793), et Jean-Emmanuel Gilibert (1741-1814), qui créa le Jardin des Plantes de Lyon au bas des pentes de la Croix-Rousse.

 

La Création du Jardin des Plantes à Lyon

 

C’est au sein de l’École Royale Vétérinaire à la Guillotière que fut créé le premier jardin botanique de Lyon en 1763 par l’Abbé Rozier. Le jardin comprendra jusqu’à 1800 plantes.

 

De 1796 à 1857, fut implanté par Jean-Emmanuel Gilibert le "Jardin des Plantes" au bas de la Croix-Rousse à l’emplacement de l’amphithéâtre des Trois Gaules qui fut mis au jour à partir de 1956.

 

A l'origine, jardin de l'abbaye des Bénédictes de la Déserte, il devient, un jardin botanique avec à son apogée 4000 espèces végétales pour un public restreint (étudiants, scientifiques, religieux). Il est ouvert au public en 1821. Le jardin comprendra dès son origine une pépinière, une école de fleuriste, une école des plantes et une partie pour les expérimentations agricoles.

 

Photo de vacances

- Désignation de la photo -

Les végétaux ont servi de modèle aux dessinateurs de soierie. En 1857, sous l’impulsion du préfet Claude-Marie Vaïsse, le jardin botanique est transféré au parc de la Tête d’Or. On trouve aujourd’hui à l’emplacement du jardin historique un parc arboré et les vestiges d’une partie de l’amphithéâtre classé au titre des monuments historiques en 1961.

 

Les Débuts de l’Écologie Urbaine à Lyon

 

Sur le sujet de l’écologie urbaine, il est possible pour Lyon de remonter à la Renaissance : au début du XVIIe siècle, on mettait en place déjà dans la ville des alignements d’arbres, comme par exemple les 300 tilleuls au sud de la place Bellecour, ou les plantations près de l’Hôtel de Ville et ses abords.

 

Lors des grands travaux d’Antoine Morand dans le quartier des Brotteaux au XVIIIe siècle, sont plantés des saules et des peupliers. Mais c’est sous le Second Empire, sous la direction du préfet Claude Marius Vaïsse qu’une transformation spectaculaire de Lyon s’opère : nombreuses plantations au sein des rues, des places et des quais.

 

La création du parc de la Tête d’Or date de 1856, impulsée par le préfet Claude-Marie Vaïsse dès 1855 et confiée à l'ingénieur Gustave Bonnet ainsi qu'aux paysagistes Eugène et Denis Bühler. Ce préfet est également à l'origine de la rue de la République et de la rue Edouard Herriot.

 

Quant au jardin botanique et au zoo, ils furent créés respectivement en 1796 et 1865. Le parc possède aujourd’hui un lac de 16 hectares, un jardin zoologique de 3 hectares, un jardin botanique, 3 serres d'une superficie totale de 6500 m2, 3 roseraies, une plaine africaine, un vélodrome et abrite 14000 plantes et 9000 arbres. Plus d’informations.

 

En dehors des parcs, la Ville développa une politique de plantations au sein des places et des voies : en 1862, lors de la création du boulevard de la Croix-Rousse à la place des remparts, sont plantés 930 arbres au long de cette voie.

 

Alliance Économie et Écologie : Expositions de 1872 et 1894

 

Partant d’une bonne initiative, la première Exposition Universelle lyonnaise de 1872 n’a pas eu tout le succès attendu. L’objectif était de faire de cette Exposition un grand mouvement industriel et commercial lyonnais. Le projet d’une Exposition Universelle lyonnaise naît en 1868, dans un contexte d’opposition au Second Empire, de menace de Bismarck et surtout après le succès des deux Expositions Universelles de 1865 et 1867 à Paris où la fabrique lyonnaise avait triomphé. À Lyon, le commerce est florissant. La soierie, les industries textiles et chimiques portent le prestige lyonnais. Les Expositions de ce genre sont considérées comme de véritables spectacles.

 

Le Parc de la Tête d’Or, ouvert depuis peu, en 1857 seulement, semble être un espace idéal, suffisamment grand pour installer l’Exposition. La ville de Lyon propose un bail gratuit et temporaire à la Société Anonyme de l’Exposition, du terrain compris entre les bords du charmant lac du Parc et le Rhône depuis le viaduc de Genève jusqu’au pont de la Boucle (actuel pont Winston Churchill). L'exposition n'est pas une réussite financière mais le choix du parc et certaines innovations font succès : par exemple le soir, le Palais étant fermé, l’ascenseur de la tourelle située dans le Parc, au milieu des kiosques illuminés, prend le relais. Cela permet aux visiteurs de jouir de l’aspect féerique de l’Exposition de nuit avec vue sur le Parc, le lac et le Rhône. Plus d'informations

 

Seulement vingt-deux ans après la première tentative de 1872, l’Exposition Universelle de 1894 fût un franc succès. Elle eut la particularité d’avoir été organisée juste entre les deux expositions universelles de Paris de 1889 et de 1900.

 

En ayant toujours une vocation d’information des visiteurs sur les nouveautés du monde industriel, elle a été l’occasion de nombreuses réjouissances et divertissements. Au sein du magnifique parc de la Tête d’Or, on trouvait alors trois expositions : une Exposition Universelle et Internationale, une Exposition Ouvrière, et enfin une Exposition Coloniale.

 

Ceci car il était logique à l’époque d’avoir comme attraction des villages mettant en scène des indigènes des colonies françaises pour régaler le public amateur d’exotisme.

 

Le site choisi fut donc le même qu’en 1872 : le Parc de la Tête d’Or. Ce dernier était un véritable avantage vis-à-vis des autres villes organisatrices d’Expositions. En effet, elles avaient tendance à les tenir dans de vastes espaces la plupart du temps dénudés et ne présentant aucun charme apparent. Ici c’est tout l’inverse, le parc créé en 1857 comme un véritable réseau d’aération urbain présente un décor tout à fait grandiose et charmant. L’élément principal de décor est le lac du parc, entouré par la principale allée où sont placées les installations de loisir et d’agrément. L’alliance de l’économie et de l’écologie … Il avait aussi l’avantage des transports en commun : situé à deux minutes de la gare des Brotteaux et à quinze minutes de la cité, relié à la ville par de nombreuses lignes de tramway. Plus d'informations

 

Nouvelle Prise de Conscience depuis 1980

 

Entre 1950 et 1980 en France, on entre dans une période d’urbanisation “tout béton“, particulièrement à Lyon sous les mandats du maire Louis Pradel. Juste un exemple : le cours de Verdun, belle et large espace XIXe bordé de dizaines d'arbres laissa la place à … une autoroute en pleine ville et un centre d’échange “tout béton“ !

 

Un mouvement inverse vers l’environnement commencera à s’initier à partir de 1980, et en particulier à Lyon avec le maire Michel Noir. Un pôle “Arbres et paysages” sera créé à la communauté urbaine, puis ce sera la mission Écologie Urbaine en 1992, le plan Bleu (berges du Rhône et de la Saône) et le plan Vert (espaces verts).

 

En 2006, sont inaugurées les (nouvelles) berges du Rhône promenade exclusivement piétonne et vélos allant du parc de la Tête d’Or au parc de Gerland sur cinq kilomètres.

 

En 2018, la protection des plantations existantes et le développement de nouvelles sont inscrites dans le plan “Canopée“, soit 25 actions listées. En 2020, le territoire de la Métropole de Lyon comptait plus de 100 000 arbres couvrant 420 hectares.

Sur le mandat 2021-2026, la Métropole prévoit 37 millions d'euros pour la plantation de forêts urbaines et d’arbres d’alignement, la restauration des continuités écologiques et la plantation de prairies fleuries pour les insectes pollinisateurs.

 

L’écologie urbaine est devenue aujourd’hui une approche transverse sur les thèmes urbanisme, habitat, lutte contre la pollution, transport, démocratie et économie locale.

 

Après une époque d’inventaires d’espèces et d’expérimentations de gestion différenciée, nous sommes dans une ère d’étude des liens entre biodiversité urbaine, fonctionnement écologique et bénéfices offerts aux sociétés humaines par les écosystèmes.


Belle évolution depuis le XIXe siècle …

 

 

Bibliographie :

 

Ariane Lepilliet : Plantes, savoir et imprimerie à Lyon au XVIe siècle - mémoire Univ. Lyon 2 Enssib - 2013
Site http://www.jardin-botanique-lyon.com/jbot/sections/fr/presentation_du_jardin_botanique/histoire/