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QUARTIER SAINT-PAUL

 

Un quartier construit autour de son église

 

Le quartier Saint-Paul, le plus au nord du Lyon historique, est construit autour de l'église dont il porte le nom. Dès le haut Moyen Age, on connait l'existence d'un sanctuaire appartenant au chapitre Saint-Paul, l'un des plus puissants après celui de Saint-Jean. Ce sanctuaire est restauré par Leidrade en 800. L'église Saint-Paul est sans doute, avec celle de Saint-Jean et Saint-Georges, la plus ancienne de Lyon. Il en est de même pour l'hôpital Saint-Eloy fondé dans le quartier en 542 par le roi Childebert, à proximité de la rue Carrand, à l'emplacement de l'actuel conservatoire.

 

A cette époque, et jusqu'au XIIe siècle, Saint-Paul est un quartier isolé du quartier Saint-Jean, jusque là cœur de la ville : clos par une enceinte afin que les chanoines puissent y vivre retranchés sur eux-mêmes, il est entouré de jardins, vergers et vignes. On retrouve également à Saint-Paul, une forte communauté juive établie à l'emplacement de l'actuelle rue Juiverie et ce jusqu'en 1384, date à laquelle les juifs sont expulsés du royaume par Charles VI.

C'est également au Moyen Age que le quartier se spécialise peu à peu dans les métiers du commerce alimentaire : les commerces d'animaux sur pied et les boucheries surtout, s'installent à Saint-Paul, amenant avec eux leurs entrepôts, écuries et animaux.

 

Renaissance : commerce et place financière

 

A partir des XIIe et XIIIe siècles, le quartier se transforme et commence à s'ouvrir sur le reste de la ville. La population, attirée par la proximité du pont, du port, de la banque (le Change) et de l'hôpital Saint-Eloy, se densifie. Ce phénomène s'accentue durant les XIVe et XVe siècles où le quartier est en pleine expansion. On voit s'établir une population de marchands attirée par les quatre foires accordées à la ville. Ces quatre foires permettent à Lyon d'être un centre financier important et Saint-Paul profite lui aussi de la renommée de la ville. L'installation par les Médicis d'une de leurs succursales bancaires dans l'actuelle rue de l'Angile au XVe siècle illustre bien ce phénomène. Une douane s'installe également sur l'actuel quai de Bondy en 1553 et est chargée de contrôler l'entrée sur tout le sud-est du territoire de toutes les marchandises. On retrouve également à la Renaissance de nombreuses auberges à Saint-Paul, où logeaient des personnalités de marques et les nobles de France de passage.

 

La Renaissance donne un nouveau visage architectural au quartier : les marchands, très riches, réaménagent et embellissent leurs demeures telles que celles que l'on peut voir rue Juiverie ou rue Lainerie. Saint-Paul s'étend désormais jusqu'à la place du Change qui est devenue le cœur financier de la cité. Durant cette époque, le quartier est divisé en pennonages, dont le nombre diminue au fil des années : on passe de 35 en 1528 à 28 en 1746.

 

La Renaissance est une époque faste pour Saint-Paul. Charles VIII et Louis XII y donnent des fêtes, François Ier et Henri IV y séjournent, tous deux dans la rue Juiverie, et Molière aurait donné la première représentation de l'Etourdi dans la salle du jeu de paume, située sur l'actuel quai de Bondy.
Parallèlement à ces activités marchandes, la paroisse de Saint-Paul connait une vie religieuse très active. De nombreuses communautés religieuses installent leurs couvents sur la paroisse : les Lazaristes, les Recollets, les Capucins, les Carmes Déchaussés (nommés ainsi car ils allaient pieds nus) dans la montée du même nom, les Bénédictines ou bien encore les Augustines.

 

Photo de vacances

Certains de ces établissements religieux existent encore de nos jours comme les Pères Maristes sur la montée Saint-Barthélémy. On trouve également dans ce quartier deux recluseries, l'une dans la montée Saint-Barthélémy l'autre quai Pierre Scize, qui sont une bonne illustration de l'intérêt que les religieux et ecclésiastiques portent à ce quartier. Le Comte de Forez Raymond II archevêque de Lyon restaure le château de Pierre Scize construit pour la protection de Lyon sur un rocher élevé, depuis longtemps propriété des évêques. Beaucoup d'archevêques y séjournent, avant qu'ils ne soient dépossédés de la bâtisse en 1468 par Louis XI qui la transforme en prison royale. Cette prison a abrité des personnalités telles que le baron des Adrets, connu pour les pillages qu'il fit à Lyon, ou encore le marquis de Sade.

Enfin, Jean Gerson, célèbre théologien, prédicateur et auteur prolifique, est enterré dans le cimetière Saint-Laurent, à côté de l'église Saint-Paul en 1429.

 

XVIIe - XVIIIe siècles : un quartier en déclin

 

Si durant la Renaissance, le quartier Saint-Paul est au cœur de la vie de la cité, les choses changent aux XVIIe et XVIIIe siècles : au cours de cette période le centre de la ville se déplace vers l'est en direction de Saint-Nizier sur la Presqu'île. Le Vieux-Lyon perd peu à peu son influence.

 

Par ailleurs, la Révolution a fait de nombreux dégâts dans ce quartier, comme sur toute la "colline qui prie". Les symboles religieux et nobiliaires de l'église Saint-Paul sont systématiquement détruits, les couvents transformés en bâtiments civils tel qu'une école vétérinaire, ou une caserne militaire, le Change et la prison sont fermés et l'église utlisée comme magasin de salpêtre.

 

Le quartier se paupérise peu à peu et devient insalubre, notamment à cause des commerces alimentaires comme les boucheries.

 

XIXe - XXe siècles : destructions, reconstructions

 

Durant le XIXe siècle, le quartier Saint-Paul devenu insalubre subit de nombreuses modifications. La compagnie Mangini choisit Saint-Paul pour sa place centrale dans la ville afin de construire une ligne Lyon-Montbrison, destinée à desservir les gares de l'ouest lyonnais. En 1872 débute le chantier de construction de la gare Saint-Paul qui est ouverte en 1876. Pour permettre sa construction, la colline de Fourvière est attaquée et de nombreux bâtiments sont rasés : une quarantaine de maisons sont détruites dans la rue Saint-Paul, la montée des Carmes Déchaussés et sur le quai Pierre Scize (un tunnel est creusé dans les bâtiments de ce quai afin d'évacuer les déblais par le fleuve), et onze pour la construction de la place de la gare. Des rues ont disparu : les rues Punaise, Misère, de la Poterie, de l'Epine, de l'Ours. Enfin, un tunnel est construit entre Saint-Paul et Gorge de Loup.


La construction d'une prison est également en projet, mais le sénateur Vaïsse, alors préfet du Rhône, lui préfère le quartier Perrache. La prison, dont les bâtiments subsistent en grande partie, est aujourd'hui l'Université Catholique de Lyon.

 

A la fin du XIXe siècle, un funiculaire reliant Saint-Paul à Fourvière avec une liaison par tramway allant jusqu'au cimetière de Loyasse est construit. Cette double desserte (ficelle et tramway) est inaugurée le 6 décembre 1900. Son principal intérêt est de pouvoir rejoindre facilement le cimetière situé au sommet de la colline et d'acheminer les corps qui doivent y être inhumés. Mais les coûts d'entretien et de fonctionnement étant beaucoup plus élevés que les bénéfices qui en sont retirés, toute activité cesse le 18 septembre 1939. Ce funiculaire est le plus récent mis en service à Lyon, mais c'est également celui qui a connu la période d'exploitation la plus courte.

 

Ces destructions et constructions ont beaucoup modifié le visage de Saint-Paul qui apparaît comme le plus contemporain des trois quartiers composant le Vieux-Lyon. Mais, tout comme Saint-Jean et Saint-Georges, il a gardé des traces de toutes les époques qu'il a traversées : l'église Saint-Paul qui, malgré les modifications qu'elle a subi au fil des siècles, a gardé son plan d'origine et conserve des parties médiévales. La Galerie Philibert Delorme, au 8 rue Juiverie ainsi que la maison Henri IV au 4 de cette même rue sont de très beaux témoignages de l'époque Renaissance, et la gare Saint-Paul, la représentation des destructions et reconstructions qui ont eu lieu au XIXe siècle dans le quartier. Tous ces témoignages de l'histoire du quartier ont pu être préservés grâce à la protection du quartier en tant que secteur sauvegardé, mais également parce qu'il fait partie du site historique de Lyon, classé au patrimoine mondial de l'Unesco.

 

Pour terminer, il est intéressant de préciser que Saint-Paul a servi de décor à de nombreux films, parmi lesquels, "l'Horloger de Saint-Paul", sans doute le plus connu de tous et dont la majeure partie de l'intrigue se déroule dans le quartier.