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QUARTIER SAINT-JEAN

 

Si un Lyonnais vous parle d'une balade dans le Vieux-Lyon, il y a neuf chances sur dix pour qu'il vous propose "un tour à Saint-Jean" ... Et en effet, ce quartier constitue aujourd'hui le point d'attraction touristique le plus important du Vieux Lyon, autant pour le lyonnais que pour le touriste international. Son artère principale, la rue Saint-Jean, mise en valeur par les premières restaurations, est la plus courue des rues du quartier ancien qu'elle traverse du nord au sud, de la place du Change à la place Saint-Jean. Elle comporte quantité de curiosités architecturales, en particulier les traboules et les cours intérieures.

 

Aujourd'hui indissociable de l'art de la Renaissance, le quartier présente quelques traces d'occupation artisanale et portuaire dès l'époque de la fondation du quartier. A ce moment là, la zone n'a pas le même visage qu'aujourd'hui ; en effet, un bras de la Saône longe le pied de la colline, sans doute sur l'actuelle rue du Boeuf, conflue au Sud de la place Benoît Crépu et forme l'île Saint-Jean : c'est une zone que les dépôts d'inondations vont peu à peu niveler.
Au IIIe siècle de notre ère, le flanc ouest de la colline de Fourvière est saturé d'habitations ; de grands travaux d'assainissement sont alors lancés dans la ville basse, le bras de Saône est remblayé et la zone va dès lors connaître une croissance continue du fait de l'abandon de la colline : le quartier du Vieux-Lyon est né.

Il va traverser des époques troublées, vivoter, pour finalement se développer jusqu'à devenir, au XVIe siècle, le quartier du haut clergé et de l'aristocratie, fleuron de la Renaissance que nous connaissons aujourd'hui.

 

A partir du IVe siècle, l'histoire du quartier est intimement liée à l'histoire de la chrétienté ; c'est à cette date que l'on trouve les premières traces de l'abside de l'église Saint-Jean, de la salle de réception nord (future église Sainte-Croix) et du baptistère Saint-Etienne avec sa grande cuve, situé sur une construction antérieure que l'on suppose être un premier baptistère.

 

Les raisons de la présence si précoce d'un ensemble épiscopal (l'évêque est installé à Saint-Jean) sont, bien entendu, des raisons historiques : Lyon est depuis 177 de notre ère, la capitale de la chrétienté naissante abritant le premier évêque gaulois, Pothin.

 

Avec la domination des Burgondes de 474 à 535, la ville retrouve son statut de capitale (partagé avec Genève) mais pas son ancienne splendeur. Le groupe épiscopal, construit au Ve siècle, est le coeur de la cité. On a aussi quelques implantations à Saint-Nizier et Ainay dans la presqu'île, à Saint-Laurent de Choulans, Saint-Just et Saint-Irénée, basiliques funéraires, sur la colline de Fourvière.

Du VIe au VIIe siècles, les royaumes mérovingiens se succèdent, leur point d'attache est le bassin parisien, Lyon est alors une ville bien secondaire. Après une longue période d'insécurité (raids sarrasins) et de révoltes sévèrement réprimées (résistance lyonnaise face à l'avancée carolingienne), la ville va retrouver sa splendeur par la volonté de l'empereur Charlemagne et par les réalisations de l'archevêque Leidrade.

 

Celui-ci va s'atteler à un ambitieux programme de restauration des édifices religieux comme la Manécanterie, la Chamarerie, l'église Saint-Georges et la reconstruction de l'église Saint-Paul, mais aussi à développer le rayonnement intellectuel et spirituel de Lyon par la création de deux nouvelles écoles (chantres et lecteurs), de cinq chapitres de chanoines, la bibliothèque attirant de nombreux clercs étrangers...

 

Le pouvoir de l’archevêque ne cesse de grandir. Il fait édifier, vers la fin du XIIe siècle, une puissante enceinte de quatre hectares autour du groupe épiscopal et du quartier canonial pour se protéger des Comtes de Forez. Parallèlement, un autre pouvoir se développe, commercial cette fois-ci. C'est celui de la bourgeoisie lyonnaise, familles de drapiers ou hommes de loi. Tous, en tout cas, pratiquent la banque, font commerce et sont installés autour de Saint-Paul ou de Saint-Nizier.

 

Au XIe siècle, la ville est quasiment réduite au quartier Saint-Jean, les zones habitées se resserrent autour de l'imposant cloître installé dans une enceinte défensive ; l'archevêque (palais au nord de la cathédrale) et les chanoines (autour du cloître au sud-ouest de Saint-Jean) y résident. L'archevêque de Lyon est, par décision du pape Grégoire VII, Primat des Gaules. Son pouvoir spirituel autant que temporel est indéniable.

Au nord du groupe épiscopal se regroupent les demeures des hommes de loi, notaires, nobles et bourgeois.
Les berges de la Saône vont progressivement se lotir, en parcelles longues et étroites, le long de deux rues principales, la rue Tramassac et la rue St Jean, ménageant çà et là des espaces accueillant des "ports".

 

Photo de vacances

Archevêque, bourgeoisie et chanoines du chapitre de Saint-Jean vont "s'affronter" de 1208 à 1320, jusqu'à ce que l'archevêque concède aux bourgeois la Sapaudine, charte de franchise instituant le Consulat. Douze consuls sont élus annuellement par les différentes corporations, ils sont désormais en charge de diverses activités politiques, financières, sociales, militaires et économiques de la ville. Ils seront anoblis en 1495.

 

Cependant, en ce tout début de XIVe siècle, s'annonce une période des plus difficile à de nombreux points de vue, période qui durera tout le XVe siècle :

 

  • le climat : étés de sécheresse et hivers rigoureux, crues catastrophiques.
  • de 1337 à 1453, la Guerre de Cent Ans oppose France et Angleterre; Lyon ne subira toutefois aucun pillage.
  • dès 1348, une épidémie de peste ravage la ville, et sévira par moment jusqu'au XVIe siècle.

 

Ce n'est que vers l'extrême fin du XVe siècle. que les choses vont changer pour la cité, et cela grâce aux répercussions des foires octroyées par le roi à partir de 1420. Le succès des quatre foires annuelles se traduit par l'arrivée à Lyon de banquiers et de commerçants italiens (Médicis, Gadagne, Gondi, Salviati et Bonvisi), attirés par l'emplacement géographique de la ville et par l'inévitable reconstruction du pays au sortir de la guerre.
La soierie et l'imprimerie s'implantent dans la ville qui entre enfin dans l'ère Renaissance, "le siècle d'or de Lyon".
C'est à cette époque que les maisons médiévales du quartier sont totalement remaniées, les grandes familles réhabilitant les anciennes maisons pour en faire de riches demeures dans le style italien.

 

Au XVIIe siècle, avec l'installation de multiples congrégations religieuses en ville, l'espace urbain est saturé, les propriétaires ne peuvent plus gagner en surface. Les maisons sont alors surélevées d'un étage, donnant au quartier Saint-Jean ce visage si particulier que nous lui connaissons aujourd'hui: demeures hautes et étroites.
Au milieu du XVIIe siècle, la ville « s'exporte » vers la presqu'île : commence alors pour Saint-Jean un lent processus de paupérisation et de dégradation même si on y construit encore de très beaux bâtiments comme la Loge du Change.

 

Puis, et pendant plus d'un siècle (XIXe et début du XXe siècle), Saint-Jean est laissé à l'abandon, devenant un lieu insalubre et dangereux, promis à la destruction, mais la volonté de sauver le quartier a entraîné au XXe siècle la création d'un plan de sauvegarde (1964) et la restauration de la plupart des immeubles et monuments.
Aujourd'hui, le quartier Saint Jean est un lieu privilégié où les Lyonnais se mélangent aux touristes internationaux, aux amoureux d'histoire et de patrimoine, et aux flâneurs du dimanche ...