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PLACE DES JACOBINS

 

La place des Jacobins est l'une des plus anciennes de la ville de Lyon. Cette place fut ainsi désignée du nom des religieux Jacobins ou Frères Prêcheurs de l'ordre de Saint Dominique. Ils occupaient l'immeuble côté sud de la place qui devint la préfecture du Rhône dès 1818, sous Louis-Philippe. La place garde la mémoire du couvent des Jacobins qui se sont installés entre 1218 et 1230.

 

La place est créée en 1556 en vertu des lettres patentes du roi Henri II. Elle fut agrandie deux fois en 1824, puis également pour le perçage de la rue Centrale (aujourd’hui, rue de Brest). Enfin, cette place fut encore élargie lors de l'ouverture de la rue de l'Impératrice (aujourd’hui, rue du Président Edouard Herriot). Située dans le deuxième arrondissement, de forme semi-circulaire, au cœur de la presqu'île, cette place voit converger pas moins de douze rues longitudinales ou transversales par rapport à l'axe Rhône/Saône: Gasparin, Emile Zola, Fabre, Port du Temple, de l'ancienne Préfecture, Mercière, de Brest, Herriot, de Tournes, Childebert et à nouveau Herriot vers le sud.

 

Histoire

 

En premier, le nom de "place Confort" lui vint d'une chapelle dédiée à Notre-Dame du Confort, située à l'angle de la rue Emile Zola. Elle gardera ce nom jusqu'en 1782.

Puis, le nom de « place des Jacobins » lui fut attribué du nom des Dominicains et des Jacobins dont l’église et le couvent se trouvaient au sud de la place.

En 1794, après la Révolution, elle devient « place de la Fraternité », période qui sonne le glas pour l'ordre des frères et leurs bâtiments claustraux.

En 1810, l'ancien couvent se transforme en préfecture pour le département qui donnera à la place le nom de "place de la préfecture".

 

Par décision du conseil municipal, en date du 29 octobre 1858, on attribua le nom de "place de l’Impératrice". Cette dénomination disparait en 1871 et elle reprend le nom de "place des Jacobins".

 

Ce sont d’abord les Romains qui occupèrent l'emplacement de la place des Jacobins. En effet, lors de divers chantiers, il a été trouvé des vestiges romains et des mosaïques dans le sol.

 

Les Dominicains s'implantent à Lyon en 1218 à la demande des prélats épiscopaux de Rome, d’abord sur la colline de Fourvière.

 

En 1240, les frères s'installent près d'Ainay où ils entreprennent la construction d'un couvent et d'une église.

 

L'ensemble se situait entre les rues saint Dominique et Confort, actuellement place des Jacobins et rue Emile Zola. 

 

En 1316, les Jacobins achètent les onze maisons bordant la place, les détruisent et y établissent leur cimetière.

 

A la Renaissance, l’église, bordant le sud de la place actuelle, devient le fief des grandes familles florentines, marchands-banquiers installés à Lyon, les Panciatichi, les Guadagni ... qui se font aménager de véritables chapelles à la mode italienne.

 

En 1556, la place est créée et devient place publique. Durant près de trois siècles, elle restera de format triangulaire. En 1572, la place est transformée en marché public.

En 1794, à la période révolutionnaire, l'ordre des Jacobins est dissout et leurs bâtiments sont laissés à l'abandon. Les chapelles et tombeaux des grandes familles florentines disparaissent.

 

Photo de vacances

- Désignation de la photo -

L'église est détruite en 1822, le couvent rasé en 1859. En 1816, de nouveaux édifices seront construits pour la préfecture puis seront démolis en 1860. D’abord place couverte pour les marchés, la place devient publique en 1514. Depuis lors, différents monuments prennent place sur ce lieu.

 

A partir de 1818, la place est remaniée jusqu'à sa forme actuelle, à peu près carrée. De 1834 à 1840, le milieu de la place Confort fut occupé par un théâtre provisoire que le sieur Leconte, directeur, avait été autorisé à faire construire en 1833.

 

Ce théâtre provisoire qui résista à l'inondation de 1840, fut détruit par un incendie, le 11 décembre 1840.

 

La place est complètement modifiée en 1860 pour devenir de forme trapézoïdale. Elle n’évoluera quasiment plus à partir de 1870. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, un nouvel immeuble est construit au n° 6. Et enfin, dernière évolution, l'îlot au nord-ouest de la place, entre la rue de Brest, la rue de la Monnaie et la rue de l'Ancienne-Préfecture, est presque complètement détruit en 1970.

 

Depuis, la place a connu une importante restructuration esthétique mais surtout pratique en 2013 afin de réduire l'afflux automobile et laisser davantage de place aux piétons. Ces travaux de réaménagement ont libéré la place des Jacobins des emplacements de stationnement qui encombraient la partie centrale et ont redonné cet espace aux piétons de manière plus fonctionnelle.

 

Architecture

 

La place est entourée essentiellement d'immeubles d’environ cinq étages du milieu du XIXe siècle : c’est au moment de la percée de la rue Gasparin que de beaux immeubles sont édifiés sur les côtés est, sud et nord de la place.

 

 

L’immeuble au n° 1 place des Jacobins au nord, de 6 étages et 11 travées avec balcons aux 2e et 4e étages, a été construit en 1860 sur les plans de Frédéric Giniez, en collaboration avec Benoît Mouchon.

 

L’immeuble Bossan et Giniez, au n°4 à l’ouest, a été la maison du peintre Paul Borel. Il a été réalisé par Frédéric Giniez et Pierre Bossan en 1863. Observez le traitement de la pierre et du bois clair pour la porte d'entrée ouvragée. Comme au n°79 rue Président Edouard Herriot, on retrouve le système de la travée axiale qui organise le reste de la façade et, les influences néo byzantines des deux architectes.

 

Au n°6 au sud-ouest, on trouve un immeuble construit après guerre de onze étages avec balcons arrondis.

 

Au n°7, on peut observer un immeuble récent de 9 étages construit en 1953.

 

Les immeubles au n°8 et n°9 au sud sont moins travaillés que le restant de la place mais leurs façades jouent sur l’opposition de couleurs des pierres, foncées en partie centrale et 1er étage pour l’un et en rez-de-chaussée pour l’autre.

 

L’immeuble Chatron, au n°2 rue Childebert au sud-est, a été réalisé par Jules Chatron. Ce bel immeuble à rotonde, coupole et au toit en ardoises est particulièrement orné. Un balcon de pierre précède les deux étages centraux où les baies rectangulaires et en plein cintre sont superposées deux à deux et séparées par des colonnes corinthiennes. Ce système est également repris pour la composition des façades latérales. Observez le rose de la pierre et le soin apporté aux décors sculptés.

 

Pour l’immeuble au n°79 rue Président Edouard Herriot à l’est, observez la composition de la façade de cet immeuble de 6 étages avec balcons aux 2e et 5e étages : le porche d'entrée amorce une travée axiale qui régit toute l'organisation de la façade. Le porche occupe une place très importante dans le travail des architectes et est par conséquent souvent abondamment orné pour annoncer l'identité de la construction. Notez que les deux immeubles voisins sont en symétrie de part et d'autre du numéro 79 et présentent des demi-colonnes corinthiennes et de belles cariatides. Côté sud, ce sont deux robustes atlantes barbus. 

 

La Fontaine des Jacobins

 

La place Confort avait été d’abord le cimetière des religieux Jacobins dont la pointe se terminait à l'entrée de la rue Mercière. Lorsqu'ils supprimèrent leur cimetière, les Jacobins y conservèrent une grande croix. Renversée en 1562 par les protestants, les moines entreprirent, en 1603, de la réédifier.

 

Vers 1614, un puits ornait la place et autorisation fut donnée à Horace Cardon, imprimeur, bourgeois de la ville, de le faire restaurer. Celui-ci sera surmonté de fleurs de lys dorées et décoré des armoiries de ce bon patriote. 

 

Un obélisque a été dressé en 1600 sur la place pour célébrer le mariage à Lyon d' Henry IV et de Marie de Médicis : érigé par Philippe Lalyame et inauguré en 1604, élevé sur trois marches et à trois faces, il symbolisait la trinité, et l'inscription de Dieu sur ses faces en 24 langues différentes symbolisait son universalité. Il était avant tout un message politique onze ans après la conversion au catholicisme de Henry IV et en période de contre-réforme, la trinité restant un concept avant tout catholique.

 

Sur l'emplacement de la place, quatre fontaines furent successivement installées. De 1760 à la Révolution, s'élevait au centre une fontaine publique surmontée d'une naïade montée sur un piédestal à consoles renversées.
En 1759, sera installée une pompe du modèle de celles construites par Michel Perrache. Pompe pourvue d'un balancier dit "à poire" que les gens du quartier lançaient à tour de bras pour obtenir l'eau nécessaire à leur ménage. En 1853, la pompe est remplacée par une fontaine en fonte qui finira sa vie place de la pyramide (place Valmy) à Vaise. Puis, un préfet du Second Empire fit construire un ensemble de quatre fontaines ornées des statues des quatre saisons.

 

Vers 1875, les marchands de la place lui reprochent d’obstruer la perspective de leurs magasins et il est décidé de la transporter sur la place Perrache (place Sadi Carnot).

 

En décembre 1876, la municipalité ouvre un concours pour la décoration de la place des Jacobins et pour celle de la place de Lyon (place de la République). La direction des travaux de la fontaine des Jacobins sera confiée à Gaspard André à qui nous devons également le théâtre des Célestins.

 

C’est cette fontaine majestueuse des arts qui offre aujourd'hui à la place son identité. 

En marbre blanc, donc solide, de type pyramidal, elle est composée de quatre étagements de bassins et de vasques circulaires et tréflées. Au centre s’élève une construction de plan carré proche de celle de la fontaine des Innocents à Paris.A son sommet, le temple est surmonté d’un petit édicule à rotonde de style néo-Renaissance qui abrite le trépied d’Apollon et s’inspire du monument des Jules à Glanum (Saint-Rémy de Provence). Quatre griffons guettent aux points cardinaux.

 

Eugène Delaplanche dessine les sirènes et Busque les sculpte. Campagne et Lavigne, deux modeleurs réputés, réalisent l’ornementation proposée par Flachat et Cochet et agréée par André. Le monument porte une devise en frise : « la Ville de Lyon aux artistes qui l’ont illustrée ». Une faune et une flore abondante (lions, tortues, anguille, homard, lierre, etc.) et une variété d’effets d’eau rendent l’ensemble vivant.


La fontaine a été construite en l’honneur de quatre siècles d’art lyonnais à travers quatre artistes lyonnais reconnus : Philibert Delorme (1514-1570), architecte, qui bâtit les châteaux d' Anet et des Tuileries, Guillaume Coustou (1677-1746), sculpteur, les Chevaux de Marly et Diane à la biche, Gérard Audran (1640-1703), graveur, les batailles d'Alexandre et le Martyre de saint Laurent ; Hippolyte Flandrin (1809-1864), peintre, Le jeune homme nu au bord de mer et un extraordinaire Double autoportrait en 1842.

 

 

Les quatre artistes lyonnais sont représentés en pied, sous les quatre voutes du temple de l’art. Chacun porte un costume de son époque et tient ses attributs professionnels.

 

De cette fontaine, inaugurée le 14 juillet 1885, les eaux jaillissent. Les statues trop grandes seront recoupées et enfin mises en place en février 1886. La fontaine a ensuite été inscrite au titre de monument historique en 1992. Elle a été rénovée en même temps que la place en 2013.

 

 

Bibliographie

 

Jean Pelletier, Charles Delfante : Places de Lyon, Portraits d’une ville - Ed. Stéphane Bachès - 2009

Jean PELLETIER : Connaître son arrondissement, le 2e – Editions Lyonnaises - 1998 

D.Bertin, N.Mathian : Lyon, silhouettes d'une ville - Éditions lyonnaises d'Art et d'Histoire – 2008 

Louis Maynard : Dictionnaire de Lyonnaiseries - Jean Honoré éditeur – 1982

Site https://www.ruesdelyon.net/places/541-place-des-jacobins.html

Site http://lyon-en-1700.blogspot.com/2011/07/place-des-jacobins.html