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MUSÉES DES TISSUS
ET DES ARTS DÉCORATIFS

 

En 1851 les fabricants lyonnais qui se sont rendus à l'Exposition universelle de Londres (prémice du futur Victoria & Albert Museum) sont rentrés avec l’intime conviction de fonder à Lyon un musée d’échantillons et de dessins. L’objectif de cette institution était alors de maintenir l’avantage commercial des soyeux lyonnais soutenu à la fois par de grandes compétences techniques et artistiques.

 

Le Musée des Tissus : Création

 

C'est une longue histoire que celle du musée des Tissus de Lyon. L'idée de créer un musée alliant l'art à l'industrie court dans la ville depuis la première moitié du siècle.

Mais le concept n'est pas nouveau puisqu'il vient d’Angleterre, où en 1851 s'était tenue à Londres la première Exposition universelle dans ce qui allait devenir le futur Victoria and Albert Museum.

 

Les fabricants se tournent alors vers la Chambre de Commerce qui décide de créer un musée d’Art et d’Industrie installé au cœur du Palais du Commerce, édifié par René Dardel dès 1856. C’est Natalis Rondot qui est chargé par la Chambre de Commerce de fonder un musée industriel en 1856.

 

Natalis Rondot engagea les travaux en 1858 au second étage du palais de la Bourse. Le musée fut finalement ouvert au public en mars 1864 sous le nom de musée d'Art et d’Industrie et propose une vision encyclopédique des sources d’inspiration de toutes les branches des arts appliquées à l’industrie, présentant aussi bien des objets que des textiles. Une bibliothèque fut même constituée afin de parachever l’équipement. Ce n’est que dans les années 1890, à l'initiative d'Edouard Aynard, alors Président de la Chambre de Commerce, que ce musée prend le titre de musée historique des Tissus de Lyon, illustrant une histoire universelle des textiles.

 

 

Le Musée des Tissus : les Collections

 

Après la dernière guerre (1939-1945), les collections furent transférées dans le somptueux hôtel de Villeroy construit en 1730 pour Claude Bertaudet Gouverneur du Lyonnais au XVIIIe siècle, situé 34 rue de la Charité dans le deuxième arrondissement de Lyon. Ce nouveau musée fut inauguré en 1950.

Depuis lors, différents travaux d'aménagement se sont succédés : salle des Tapis, 1963 ; salle d'expositions temporaires, 1980 ; atelier de restauration des textiles, 1985 ; bibliothèque et accueil, 1989 ; Banque d'Images, 1992 ; salles coptes, 1994 ; salle des Tapis, 1996 ; extension de l’atelier de restauration, 1999.

Il a maintes et maintes fois été réaménagé depuis cette époque. L'histoire des collections est plus ancienne encore, puisqu'elles ont été rassemblées avant la création du musée.

Le musée des Tissus de Lyon conserve aujourd’hui la plus importante collection de textiles du monde, avec près de deux millions cinq cent mille pièces. Elle couvre 4500 ans de production textile et ont des origines variées, depuis l’Égypte pharaonique jusqu’à nos jours, du Japon aux Amériques, en passant par la Chine suite à une mission fin 1846, ou de Londres entre 1851 et 1857, l’Orient, l’Italie ou encore les Pays-Bas sans oublier les somptueuses commandes royales ou impériales, les créations de Raoul Dufy ou Sonia Delaunay.

 

Ornements d'église et broderies religieuses (paramentique), costumes civils français, dentelles et passementerie viennent compléter ces collections.

 

Vous trouverez les acquisitions de dessins et échantillons faites par la CCI de Lyon, le 31 août 1848, auprès des fabricants Godemard et Meynier provenant de l'ancienne maison Dutillieu. Ils comprennent aussi l'acquisition du 21 mars 1850 du «  petit musée de fabrique » d’Auguste Gautier et les collections constituées à Londres en 1851 et 1857. Le registre d'inventaire du musée fut quant à lui commencé en 1861; dès lors vont être enregistrés les achats des collections Bert et Reybaud (1862) ou Bock (1875).

Le musée des Tissus de Lyon abrite depuis sa fondation dans ses murs en 1954, le Centre international d’étude des textiles anciens dédiés à l’analyse et à l’étude des tissus (CIETA).

En 1985, le musée s’enrichit d’un premier atelier de restauration des textiles dédié à ses collections, et, depuis 1997, d’un second atelier mettant son expertise au service d’autres collections abritées par d’autres institutions. Il remplit également la fonction de véritable pôle de recherche grâce à son centre de documentation-bibliothèque de 30.000 ouvrages.

 

Les collections s'organisent en deux pôles : l’Orient et l‘Occident. Tissus coptes, perses, orientaux, byzantins, musulmans, asiatiques pour le premier. Tissus italiens, siciliens et français pour le second. Les dessinateurs-ornemanistes et artistes lyonnais ont également une place toute particulière dans le musée tels que Jean Pillement, Philippe de la Salle ou Dugourc.

Le musée conserve également un grand nombre d’albums d’échantillons, avec une vision exhaustive de la production lyonnaise entre la fin du 18e siècle et les années 1950, compte tenu de dons des fabricants lyonnais (Tassinari, Chatel et Viennois, 1896) ainsi que d’achats auprès de particuliers et d’antiquaires (Brimo, Graf, Tano) voire lors des ventes Spitzer (1893), Goncourt (1897), Hayashi (1902), Bardini (1907) Pasco (1908) ou Cote (1910).

 

Toutefois, il ne faut pas oublier les dons faits depuis 1984 par la Société des Amis des musées dont la tunique plissée de Moyenne Egypte ainsi que les portraits de Napoléon 1er et de Napoléon III tissés à Lyon en 1855 par la maison Furnion, la robe de Maggy Rouff, le manteau Nancy créé par la maison Paquin pour sa collection hiver 1919-1920 et la tenture commandée en 1730 pour le service de Louis XV et utilisée en 1785 pour le meuble de la grande chambre du roi à Versailles.

 

Le Musée des Arts Décoratifs

 

Le 29 juin 1919 est fondée la "Société pour le développement des Musées de Lyon", société d'amateurs lyonnais, dont le but est d'acquérir l'hôtel de Jean Lacroix Laval (construction de 1739 attribuée à Soufflot) qui était Conseiller à la Cour des Monnaies pour l'offrir à La Chambre de Commerce à charge pour elle d'y créer un musée des Arts Décoratifs. Il sera inauguré en 1925. En moins de vingt-cinq années, ces amateurs, dont l'idée est de poursuivre un enseignement universel de l'histoire du goût, ont doté le musée de collections européennes, orientales, chinoises et japonaises, du Moyen Âge à nos jours. Complété par des acquisitions financées par la Chambre de Commerce, le musée occupe aujourd’hui le rang de deuxième collection française dans le domaine des arts décoratifs.

 

Il témoigne d'un certain art de vivre et du goût raffine du XVIIIe siècle en présentant en situation une importante collection d’objets d'art, pièces d’ébénisterie et d’orfèvrerie, tapisseries, peintures sans oublier les textiles. C’est la vitrine du savoir faire des fabricants de Lyon et de ses environs avec des soieries tissés par les maisons Tassinari et Chatel, Prelle et Quemin-Lelièvre ...

 

En arts décoratifs, il est un des musées français les plus riches avec le Musée Camondo à Paris ou Grobet-Labadie à Marseille. L’ébénisterie parisienne (Oeben, Riesener, Rousse) côtoie la menuiserie régionale (Hache, Canot, Nogaret). Nous y trouverons aussi des peintures de Pillement, Boucher et Raoux.

 

D’autres centres d’intérêt ont été mis en valeur : la collection de majoliques italiennes des XVe et XVIe siècles (plus de 200 pièces), des tapisseries du Moyen Âge et de la Renaissance, des objets en marqueterie de paille des XVIIe et XVIIIe siècles (220 pièces), collection d’horloges et de pendules(une cinquantaine de 1643 à 1870), orfèvrerie ancienne, porcelaines de Vincennes, Sèvres, Moustiers, Nevers et Lyon. Le musée expose également des éléments de création contemporaine en présentant 80 pièces d’orfèvrerie des années 60 à nos jours.

 

Avenir des Deux Musées

 

Les deux musées réunis, après le déménagement du musée des Tissus dans l’actuel hôtel de Villeroy, rue de la Charité, dépendaient depuis leur origine de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Lyon et tous deux comptent parmi les « musées de France » depuis 2003.

 

En octobre 2017, la CCI de Lyon a cédé les deux musées  et les deux hôtels particuliers Villeroy et Lacroix-Laval à la Région Auvergne-Rhône-Alpespour un euro symbolique. Le Musée des Tissus et le Musée des Arts Décoratifs ont fermé leurs portes au public le 30 avril 2021 pour entamer leur renaissance. Pour l’atteindre, une rénovation est en cours, ainsi qu’une extension des bâtiments et une réorganisation de l’espace comprenant des nouveautés. L’ensemble du projet devrait nécessiter un investissement évalué entre 50 et 60 millions d’euros. Les musées devraient rouvrir en 2026 : https://www.museedestissus.fr

 

 

Bibliographie :

 

Patrice Beghain, Bruno Benoît, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon : Dictionnaire historique de Lyon - Editions Stéphane Bachès
Jean-Michel Tuchscherer , Gabriel Vial : Le Musée Historique des Tissus de Lyon - Librairie Albert Guillot - 1977
Collectif : Musée des Tissus de Lyon. Guide des collections - Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire - 1998
Maria-Anne Privat-Savigny : Musée des Tissus de Lyon. Guide des collections - EMCC - 2010
Régis Neyret, André Pelletier : Guide de Lyon et ses musées - Editions Lyonnaises d'Art et d'Histoire - 2011