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LA BASILIQUE D'AINAY

 

La basilique  Saint-Martin d’Ainay est située au cœur de Lyon, au sud de la presqu’île, entre Rhône et Saône. Il a été longtemps prétendu que  cette abbatiale avait été fondée au Ve siècle, durant le Haut Moyen Âge. Les moines se basaient sur un écrit de Grégoire de Tours. Cette origine est aujourd’hui  contestée, compte-tenu de l’imprécision du texte.  Des travaux historiques récents semblent le confirmer.

 

Histoire

 

Comme le prouve les nombreuses mosaïques retrouvées à l’emplacement de l’établissement monastique, un riche habitat se trouvait sur cette aire à l’époque antique. La découverte, en 1830, de sarcophages mérovingiens à l’emplacement de  l’ancien cloître d’Ainay  sous l’actuelle  chapelle Saint-Joseph de l’abbatiale, laisse supposer qu’un premier édifice existait à l’époque mérovingienne.

 

La chapelle Saint-Blandine est sans doute la partie la plus ancienne. Que savons-nous de son histoire ?  Il est difficile de savoir si cette chapelle était déjà existante dès le Haut Moyen Âge, la légende se mêlant bien souvent à l’histoire.  Les historiens qui ont fait les recherches semblent confirmer qu’une chapelle carolingienne existait déjà au Xe siècle. Son existence est même attestée au IXe siècle par un document écrit du roi Charles de Provence, en 859, sous l’Archevêque Aurélien,  abbé du monastère royal d’Ainay alors en ruine. Ce monastère sera ensuite élevé au rang d’abbaye. Cet édifice, reliquaire de l’an mil comme semble l’indiquer les dernières fouilles archéologiques, sera remanié  à plusieurs reprises.

 

De grands travaux sont entrepris à la fin du XIe siècle, selon la volonté du père abbé Gaucerand, pour la construction de l’église abbatiale de plan basilical. Aurélien, alors évêque de Lyon, décide de fonder en ce lieu une abbaye. Il décide de faire venir des moines bénédictins de Bonneval qui arrivent à Lyon avec leurs reliques et leurs traditions de dévotion à Saint-Martin, dont le nom fut donné à l’église. C’est ainsi qu’au Xe siècle l’abbaye compte vingt et un moines.  

 

L’Archevêque de Cantorbéry, forcé à l’exil par le roi d’Angleterre, séjourne à Ainay en 1100. C’est sous son influence que les moines d’Ainay consacreront un autel à la conception de Marie, premier signe connu du culte lyonnais à l’Immaculée Conception de la Vierge Marie, béni par le pape Pascal II qui  procédera le 29 janvier 1107 à la consécration de l’autel de l’une des rares églises romanes conservées à Lyon qu’est Saint-Martin d’Ainay, confirmant son autorité sur de nombreux prieurés et paroisse de la région. Au XIIIe siècle, le Pape Innocent IV réunit le premier concile de Lyon dans le but d’excommunier l’empereur Frédéric II.  A cette occasion il reconnaît l’abbaye d’Ainay qui possède au milieu du XIIIe, 169 églises ou prieurés et qui devient l’une des plus puissantes de France.

 

A la Renaissance, le monastère dispose d’importants bâtiments. Son abbé, nommé par le roi, dispose d’un palais et environ trente moines vivent dans un cloître avec jardin et vigne. Si sa situation spirituelle n’est pas brillante par contre le culte des Martyrs de Lyon commence à se manifester développant la rivalité d’influence avec l’église de Saint-Nizier, tenue par des chanoines, qui jusqu’ici pratiquait ce culte.

 

Au XIVe siècle, la peste sévit et entraîne une situation dramatique pour Lyon. L’abbaye décline, bien qu’elle compte encore une cinquantaine de moines. C’est en 1312 que Lyon est intégré au Royaume par Philippe le Bel. Alors que Lyon devient dès le XVe siècle une place financière et commerciale en plein développement,  l’abbaye stagne.  La chapelle romane, dédiée à la « Conception De Marie »  est en triste état. C’est le moine infirmier de l’abbaye, issu d’une famille fortunée qui entreprendra sa restauration. A l’occasion de son mariage avec Marie de Médicis en 1600,  Henri IV séjourne à l'abbaye, mais la cérémonie sera célébrée en la cathédrale de Lyon.

 

Au XVIe siècle, alors que l’abbaye est au maximum de sa splendeur, l’application de la « Commende » signifiant la mainmise du Roi sur l’abbaye, puisqu’il nomme lui-même les Abbés, puis  l’occupation de Lyon par le baron des Adrets, vont avoir des conséquences désastreuses pour l’abbaye. Les bâtiments sont fortement endommagés et les archives presque entièrement détruites.

 

Le XVIIe siècle verra peu à peu la disparition  de l’abbaye.  Ce qui reste des bâtiments et des terres deviennent la propriété d’un collège de chanoines.  La chapelle devient l’église paroissiale au détriment de l’ancienne église paroissiale Saint-Michel qui sera détruite au XVIIIe siècle. Les chanoines vendent les terrains alentours  comme terrains à bâtir durant le XVIIIe siècle

 

Ne reste donc de cet ensemble que l’église paroissiale Saint-Martin, heureusement préservée durant la Révolution car elle servit de grenier à fourrage pendant ces années difficiles et jusqu’en 1802, date à laquelle elle put à nouveau accueillir les fidèles. Les ruines encore existantes de l’abbaye furent malheureusement totalement détruites.  L’église étant dans un très mauvais état au début du XIXe siècle, elle fut sauvée de la destruction  et finalement restaurée. L’église a été élevée au rang de basilique mineure le 13 juin 1905 par le Pape Pie X. Une plaque commémore cet événement.

 

Architecture

 

Tout ce que nous savons sur l’évolution architecture de l’Abbaye d’Ainay et des bâtiments nous a été transmis par la littérature architecturale et archéologique.

 

L'Abbatiale d'Ainay

 

La chapelle Sainte Blandine, reliquaire du XIe siècle  comme semble l’indiquer les dernières fouilles archéologiques, sans doute en raison de son désaxement, est un des bâtiments les plus anciens de cet ensemble. En son état initial elle avait une longueur d’environ 8,50 m. non voûtée.
D’après J-F. Reynaud, Professeur Honoraire d’histoire de l’art et d’archéologie médiévales et spécialiste des édifices religieux des époques paléochrétiennes en Rhône-Alpes, elle fut remaniée au XIe, surélevée, renforcée et voûtée. La décoration de l’abside à l’extérieur comporte des incrustations de terre-cuites rouges, avec soffites et modillons sculptés. A l’intérieur, l’abside à fond plat est complétée par une demi-coupole sur trompes encadrées de colonnes à chapiteaux stylisés.

 

Sa crypte, possède des niches latérales pour y exposer des reliques. Cette chapelle fut tellement remaniée au XIXe qu’il est difficile de se la représenter aujourd’hui dans son aspect ancien.

 

L'Église Carolingienne du IXe Siècle

 

L’histoire de cette église carolingienne du IXe siècle est étroitement liée à celle de l’Abbaye qui commence à ce moment là. Aucune fouille n’ayant été réalisée, il est encore une fois difficile de se représenter cette église carolingienne qui fût complètement remaniée un peu avant 1100. Comme nous l’avons mentionné dans la partie « Histoire » ce remaniement de l’église Saint-Martin  fut entrepris dans le style roman par l’abbé Gaucerand et sera consacrée par le pape Pascal II en 1107.  


Ce n’est qu’en 1120 que sera placé, sur le sol de l’abside, une mosaïque commémorant la dédicace de la nouvelle abbatiale. Elle représente  non pas Gaucerand, abbé d’Ainay lors de la dédicace de l’église comme on le prétendait encore au XIXe, mais le Pape Pascal II,  assis, avec deux axes de lecture perpendiculaires, comme l’attestent deux dessins originaux, l’un conservé à Vérone et l’autre à Paris, découvert par Jean Guillemain. Cette mosaïque fut inspiré par la réforme grégorienne à Lyon, initié par Léon IX et dont Pascal II était le continuateur.  Nous reparlerons de cette mosaïque lors de la description de l’intérieur de l’église.

 

Le Clocher Porche

 

Il fut érigé à la fin du XIIe siècle, avec le même désaxement que la chapelle, devant l’ancienne église. Les gros blocs de calcaire, provenant des monuments romains de Lyon ainsi que les arcatures caractérisent l’art roman. Les trois étages, d’égale hauteur, sont marqués par des corniches sculptées à chanfreins associées à des frises de terres cuites losangiques. Au dernier étage on peut voir, entre ses angles échancrés obliquement, une pyramide surélevée d’une croix. Au dessus des ouvertures de l’étage intermédiaire, on peut admirer une croix suspendue à une frise de quinze panneaux sculptés en méplat, représentant des animaux. L’interprétation n’a été déterminée.  Ce portail a été refait au XIIe, afin sans doute de mieux l’aligner sur l’axe de la nouvelle abbatiale.

 

L’intérieur du porche a également été refait : voûte d’ogives et murs latéraux avec arcatures et pilastres cannelés.

 

A cette époque, existe une autre chapelle, faisant pendant à la chapelle Saint Blandine, à l’emplacement de l’église Saint-Michel. 

 

De style roman, elle est dédiée à « la Conception de Marie ». Mais les siècles passent et la chapelle se détériore. 

 

Un moine infirmier, membre d’une riche famille, va décider, au XVe siècle de transformer cet édifice en le rehaussant et le couronnant d’une voûte de style gothique flamboyant.

 

Évolution de l'Architecture

 

A la fin du XVIe, les bâtiments de l’abbaye sont fort endommagés lors de l’occupation de la ville par le baron des Adrets. L’abbaye n’existe plus. Le peu qui reste, terre et bâtiments confondus deviennent la propriété d’un collège de chanoines. L’église Saint-Martin, un des rares vestiges de l’abbaye, devient église paroissiale. Grâce à Mérimée, qui était à cette époque Inspecteur des Monuments Historiques, l’église d’Ainay fut classée au Répertoire des Monuments Historiques.

 

Sous la révolution l’église devient, pendant une dizaine d’années, un grenier à fourrage.

Après toutes ces vicissitudes, au XIXe le bâtiment est dans un terrible état. Destruction ou restauration ? Il fut finalement décidé de la restaurer et de lui redonner un style roman plus pur.  Le projet fut confié aux architectes Pollet et Questel, dont les projets furent vivement critiqués par Mérimée, optèrent pour une architecture résolument romane, malgré les critiques de Mérimée.

 

Les murs latéraux furent rehaussés afin de rajouter des fenêtres. Les nefs furent alors voûtées et peintes.

 

Les nefs furent voûtées (en briques) et peintes et les murs latéraux rehaussés pour pouvoir rajouter des fenêtres notamment.  Sans fouilles préalables, les derniers vestiges du cloître ont disparu, une longue chapelle, au nord, venant remplacer la travée du cloître attenante à l’église.

 

Au sud, une chapelle existante, dédiée à Saint Benoît fut allongée et prit le nom de chapelle de la Vierge Marie. Vers 1830, un baptistère est construit, dans le projet de la chapelle Saint-Joseph.

 

Les nefs furent voûtées (en briques) et peintes et les murs latéraux rehaussés pour pouvoir rajouter des fenêtres notamment.  Sans fouilles préalables, les derniers vestiges du cloître ont disparu, une longue chapelle, au nord, venant remplacer la travée du cloître attenante à l’église.

 

Au sud, une chapelle existante, dédiée à Saint Benoît fut allongée et prit le nom de chapelle de la Vierge Marie. Vers 1830, un baptistère est construit, dans le projet de la chapelle Saint-Joseph.

 

De nombreux travaux de décoration furent entrepris, notamment avec des matériaux de réemploi, telles les colonnettes du XIIème dans le chœur de la chapelle de Saint-Joseph. Des décors peints sont visibles notamment dans l’abside principale et dans la coupole. Des vitraux sont installés.

L’architecture de l’abbatiale est faite de contrastes. On y trouve à la fois des références antiques et des éléments de style roman.  
On peut admirer aussi les chapiteaux des murs nord et sud (gouttereaux) et du mur occidental qui valent à eux seul le déplacement. Feuilles d’acanthe, pseudo palmiers, végétaux, animaux, têtes humaines ou volutes, bas reliefs ornant le sommet des pilastres, sont un véritable exercice de style !

 

La coupole de Saint Martin est soutenue par quatre colonnes qui sont en fait le fruit d’une récupération réussie des deux colonnes, sciées en quatre,  de l’Autel de Rome et d’Auguste  provenant des pentes de la Croix-Rousse, en syénite égyptienne, granit à fond rouge. 


L’architecture de cette coupole est particulière. Les colonnes des arcs des fenêtres  sont sur le même niveau que les colonnes des arcs des trompes et des colonnes ont été rajoutées dans les quatre angles par souci d’esthétique.  Les chapiteaux des colonnes sont curieusement ornés de têtes avalant des queues d’oiseaux qui rappellent le dieu aux oiseaux gallo-romain.

 

L’abside semi-circulaire est coiffée d’une voûte en cul de four, encadrée par deux absidioles. Les sculptures iconographiques  des chapiteaux et des pilastres  aux composantes archaïsantes et médiévales retiennent l’attention.  La peinture du cul de four est d’Hippolyte Flandrin.

 

Plus d’informations sur le site officiel http://abbayeainay.free.fr

 

L’abside semi-circulaire est coiffée d’une voûte en cul de four, encadrée par deux absidioles. Les sculptures iconographiques  des chapiteaux et des pilastres  aux composantes archaïsantes et médiévales retiennent l’attention.  La peinture du cul de four est d’Hippolyte Flandrin.

 

L'Abbaye Aujourd'hui

 

Ce bâtiment classé monument historique est en premier une mémoire : le symbole rappelant les martyrs de Lyon en 177 au sein d’un quartier qui a été au XIXe et XXe siècles le cœur catholique et bourgeois de la ville. C’est aussi la seule église romane du XIe siècle encore présente à Lyon, à laquelle se sont ajoutés différents styles lors de ses différents agrandissements et restaurations : ouverte tous les jours, sauf le dimanche, de 8h30 à 12h00 et de 14h30 à 18h00, elle mérite votre visite.

 

 

 

Bibliographie :


Jean-François Reynaud & François Richard - l’Abbaye d’Ainay - PUL - 2008
Louis Jacquein – Histoire des églises de Lyon - Elie Bellier Editeur - 1983
Patrice Beghain, Bruno Benoît, Gérard Corneloup, Bruno Thévenon : Dictionnaire historique de Lyon - Editions Stéphane Bachès – 2009
Sitehttp://abbayeainay.free.fr/SO_index.htm