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COUVENT, JARDIN VISITATION

 

L’ordre de la Visitation Sainte-Marie est présent à Lyon à partir de 1615. Après la création de plusieurs couvents et leur installation sur la colline de la Croix-Rousse après la Révolution, les sœurs emménagent sur la colline de Fourvière qui accueille de nombreuses congrégations religieuses. Si dans un premier temps l’ordre connaît un réel engouement, les difficultés rencontrées à partir des années 1870 vont entraîner le déclin du couvent. A la fin de la seconde guerre mondiale, les sœurs connaissent de réelles difficultés qui les amèneront, dans les années 60, à se séparer du couvent de Fourvière pour aller s’installer à Vaugneray. Après la ville de Lyon, ce seront finalement les Hospices Civils de Lyon qui rachèteront les locaux afin d’y stocker leurs archives dans les années 70.

 

L’ordre de la Visitation Sainte-Marie

 

Cet ordre  fut fondé à Annecy en 1610 par François de Sales, évêque de Genève, et Jeanne de Chantal à Annecy. Son nom fait référence à la visite de la Vierge Marie à sa cousine Elisabeth après l’Annonciation. A la différence des autres congrégations religieuses féminines, l’ordre de la Visitation est destiné à accueillir toutes les femmes quelles qu’elles soient, sans distinction d’âge, de condition sociale ou de santé. Basé sur un principe d’ouverture sur l’extérieur, les sœurs ne sont pas destinées à vivre cloîtrées,  mais au contraire en contact direct avec le monde. L’ordre est voué aux visites et aux soins auprès des indigents. Les visites débutent dès de 1612 dans les quartiers pauvres de la ville d’Annecy.

 

Très vite, l’ordre attire de nombreuses vocations, d’abord en France, puis en Europe. Le nombre de couvent grandit et à la mort de Jeanne de Chantal, en 1641, 87 couvents sont recensés. Les revenus de l’ordre proviennent de dons et des dots, mais également des pensionnaires que l’ordre accueille et éduque.

 

En 1613, les travaux du premier monastère de l’ordre débutent à Annecy et se termineront en 1614. Face au succès rencontré, l’ordre décide très vite de fonder d’autres couvents. Lyon est choisi pour la création d’un deuxième établissement en 1615. Ce sera le premier en France. Mais pour obtenir les autorisations, François de Sales va se confronter au cardinal archevêque de Lyon Denis-Simon de Marquemont qui refusera de transiger sur ce qui constituait jusqu’alors les fondements mêmes de l’ordre : une clôture stricte devra être respectée par les sœurs et ce afin de se conformer aux règles en vigueur imposées par Rome aux congrégations de religieuses.

A partir de cette date, cette règle s’appliquera à tous les nouveaux monastères de l’ordre qui s’ouvriront et se traduira physiquement dans les plans des monastères qui seront conçus de façon à respecter la réclusion des soeurs.

 

De 1615 à 1616, François de Sales fait officiellement des Visitandines un ordre cloîtré avec la rédaction des Constitutions de l’Ordre qui seront approuvées par bulle papale d’Urbain VII en 1625.

 

A Lyon, le premier monastère est ouvert à Bellecour : la Visitation Sainte-Marie de Bellecour. Mais très vite, le nombre de vocation augmente et le couvent devient trop petit. Ainsi, en 1632, un autre couvent est ouvert sur le site de l’Antiquaille à Fourvière et en 1640 un troisième ouvre sur l’emplacement actuel des Subsistances : le couvent Sainte-Marie-des-Chaînes.

 

Sous la Révolution, l’ordre est interdit et les trois monastères lyonnais ferment. Rétablit en 1805 par Napoléon Ier, les sœurs reviennent à Lyon au début du XIXe siècle et s’installent en 1839 à la Croix-Rousse puis à Fourvière sur un terrain situé dans l’actuelle rue Roger Radisson en 1856.

 

L’Installation des Visitandines à Fourvière

 

Installées depuis 1839 à la Croix-Rousse, la révolte des canuts en 1848 ainsi que l’augmentation de la population sur la colline qui gêne l’isolement des sœurs les poussent à chercher un lieu plus retiré et se tournent vers la colline de Fourvière, lieu d’accueil de nombreuses congrégations religieuses. Ce transfert à Fourvière, dans un environnement religieux, est vu d’un très bon œil par le cardinal de Bonald qui pense attirer ainsi un nombre plus important de vocations et de pensionnaires.

 

Le 10 octobre 1850, l’ordre fait l’acquisition, avec les Carmélites, d’un terrain retiré d’environ trois hectares sur la colline de Fourvière, dans la rue du juge de Paix (actuelle rue Roger Radisson). Il est essentiellement constitué de vignes et de vergers et possède quelques bâtiments. Les Visitandines obtiennent la partie occidentale, vierge de toute construction, bordée par les remparts de Saint-Just qui permettent de préserver leur clôture. Les Carmélites obtiennent la partie possédant les constructions. C’est sur ce terrain que les Visitandines vont faire édifier leur nouveau couvent.

 

La vente des anciens bâtiments de la Croix-Rousse devait permettre de financer la construction des nouveaux bâtiments. Mais la vente se faisant attendre ce sont les emprunts et les dons provenant d’autres établissements de l’ordre qui financent le lancement des travaux.

 

En 1853, les travaux de construction démarrent par l’édification impérative du mur de clôture. L’architecte choisi pour mener à bien ce chantier du couvent sera Pierre-Marie Bossan, dont la sœur Marie Aimée à rejoint l’ordre en 1852.

 

Il est tenu, pour la conception des plans, de se conformer au modèle imposé par le Coutumier de l’ordre rédigé en 1624 et qui impose une construction parfaitement symétrique et ce afin de traduire l’équilibre et la plénitude de l’ordre. Le couvent de la Visitation sera l’une des premières œuvres de Bossan à Lyon.

 

En 1854, le couvent à proprement parlé est lancé. L’entrepreneur Parot et Boudet, le charpentier Clément Martinant et peut être l’architecte Charles Franchet sont chargés du chantier. Un autre architecte, Guillaume Léo, aurait, selon les Annales du couvent, également collaboré avec Bossan. La première pierre est posée le 6 juin 1854 par Mgr Franzoni, archevêque de Turin au nom du cardinal Bonald. La boite de plomb contenant des pièces de monnaie, des reliques et des médailles scellée sous la pierre à cette occasion fut volée la nuit même par un ouvrier du chantier. De nos jours, il est encore possible de voir une plaque de granit dans le mur de la galerie ouest du cloître qui commémore l’évènement.

 

En 1855, le couvent de la Croix-Rousse est vendu. Les fonds  recueillis permettent à quatre sœurs de s’installer dans une petite dépendance, appelée la Maison de Repassage (aujourd’hui disparue), mise à disposition par les Carmélites, afin de superviser le chantier. Le 16 juin 1856, les sœurs sont officiellement installées dans leur nouveau couvent, bien que les travaux de l’église et de l’aile nord ne soient pas finis. L’église et le chœur des religieuses seront bénis le 26 septembre suivant.

 

L’Organisation du Couvent

 

Le bâtiment, en briques et pierres jaunes de Couzon, est conçu sur un plan carré : quatre ailes entourent un cloître à galerie fermé sur l’aile ouest par l’église du couvent. Les bâtiments possèdent trois niveaux : un rez-de-chaussée et deux étages ainsi qu’un sous-sol. On accède au cloître par l’entrée principale située dans l’aile est par un vestibule qui ouvre sur les galeries du cloître et dont l’escalier permet d’accéder aux étages supérieurs.

 

L’église, perpendiculaire au corps du bâtiment comme le veut le Coutumier de l’ordre, est flanquée, sur son côté nord de deux sacristies contigües et du chœur des religieuses sur son côté sud. La première sacristie, accessible depuis l’extérieur par une porte fenêtre en partie murée aujourd’hui est uniquement destinée au prêtre. La seconde est réservée aux sœurs et accessible par le cloître. Les deux sacristies sont séparées par un mur sur lequel on peut encore voir des sentences peintes. Le chœur des religieuses, séparé du chœur de l’église par une grille permettant aux sœurs d'assister aux offices sans être vues du reste des fidèles, est installé perpendiculairement à l’église et éclairé par de hautes baies aujourd’hui partiellement murées.  L’ouverture avec arcade en plein cintre donnant sur l’église est également murée. Ce chœur est surmonté d’une chapelle, achevée en 1857, appelée Chapelle des enfants de Marie ou Tribune des élèves d’où les pensionnaires pouvaient assister aux offices.

 

Au RDC des bâtiments, se trouvent les pièces de vie communes, difficiles à localiser avec précision faute de sources : cuisine, réfectoire, lingerie, cabinet d’ouvrage, cabinet des papiers, noviciat, roberie, économat et cabinet de la Mère supérieure. Outre l’église et le chœur des religieuses, le RDC de l’aile ouest accueille le parloir et peut être les chambres des tourières (religieuses chargées de faire passer au tour les choses de l’extérieur).

Dans les étages, les espaces réservés aux pensionnaires et aux religieuses sont séparés, toujours dans le but de préserver la réclusion des soeurs.

 

Photo de vacances

- Désignation de la photo -

Les cellules des pensionnaires sont réparties dans les ailes nord, est et ouest. L’aile nord accueille également l’infirmerie, près de l’église afin de permettre aux malades d’assister aux offices et directement accessible du RDC par un escalier. L’aile sud correspond au pensionnat. On y retrouve une terrasse, les salles de classes et le réfectoire des pensionnaires au 1er étage et les dortoirs au 2e étage.

 

Jusqu’en 1865, le couvent va connaître de nombreuses transformations. Les pièces vont être tour à tour déplacées, des agrandissements vont venir accroître la propriété. En 1870, un gymnase est construit, contre l’avis de Bossan qui le trouvait en contradiction avec l’harmonie de son œuvre, à proximité du pensionnat, perpendiculairement à l’aile sud.

 

A partir de 1882, le couvent connaît une nouvelle série de transformations : acquisition de nouvelles parcelles de terrains, changement de la disposition des pièces, travaux d’aménagements permettant de maintenir l’isolement du couvent. En 1882, suite à l’acquisition d’une parcelle de terrain supplémentaire, le jardin est modifié. En 1890, un nouveau bâtiment appelé « bâtiment de la galerie », dont on ne connaît pas avec certitude la fonction. Peut-être ce bâtiment a-t-il servi à loger les pensionnaires au 1er étage, dans un lieu indépendant pour à la fois préserver l’isolement des sœurs et gagner de la place dans le bâtiment du couvent proprement dit. Il possède une chapelle dédiée à Saint-Michel. En 1890, le gymnase est surélevé d’un étage pour accueillir l’aumônerie.

 

Il reste très peu de témoignage de ce qu’on put être les décors du couvent et les meubles ont suivi les sœurs lors de leur déménagement dans le couvent de Vaugneray. Une partie de ces meubles est cependant visible au musée de Fourvière et au musée de la Visitation à Moulins.

 

Le Déclin du Couvent de la Visitation de Fourvière

 

En 1870 l’avènement de la 3e République et la guerre Franco-Prussienne qui débute vont entraîner le lent déclin du couvent. A cette date,  les sœurs se séparent temporairement et renvoient leurs élèves. Durant la guerre, le couvent est réquisitionné et vidé de ses meubles pour accueillir des militaires. Des blessés sont installés dans l’aile du pensionnat dans une ambulance qui sera fermée dès l’année suivante car trop coûteuse, ce qui permet de rouvrir le pensionnat. Il fermera définitivement en 1903, à cause de la laïcisation de l’enseignement. Avec cette fermeture, les sœurs se voient dans l’obligation de trouver d’autres moyens de financement : elles vendent alors une partie de leur mobilier à d’anciennes élèves et mettent en location les appartements situés au-dessus du gymnase.

 

La Première Guerre Mondiale ne va en rien arranger à la situation financière du couvent. Le bâtiment de la galerie est loué à des réfugiés venant de Paris. A cette occasion une nouvelle ouverture qui leur est réservée est percée sur l’actuelle rue Roger Radisson afin de préserver l’intimité des religieuses.

En 1939, le couvent subit une nouvelle réquisition qui se révèle finalement être de courte durée, les militaires ne l’occupant que trois mois. Cette même année, l’archevêque donne l’ordre aux sœurs de quitter la ville, à l’exception de douze sœurs chargées de garder la propriété. Le reste de la congrégation trouve refuge dans la villa d’été du Cardinal jusqu’en juin 1940.

 

En 1965, les difficultés financières ne sont pas réglées. Les bâtiments et terrains sont finalement vendus à la ville de Lyon. André Malraux et Louis Pradel ont alors le projet de créer sur le site du couvent une école d’architecture et de donner l’église au culte des habitants du quartier. Les sœurs déménagent définitivement en juin 1968 dans un nouveau couvent plus modeste, construit à Vaugneray, avec les sœurs de Condrieu.

 

La ville renonçant finalement au projet de l’école d’architecture, elle loue les bâtiments aux Hospices Civils de Lyon (HCL) qui souhaitent y loger des élèves infirmières. En 1974, les archives de l’Hôtel Dieu devenant trop importantes, on décide de les transférer dans l’ancien couvent. Les travaux d’aménagement, qui vont totalement modifier l’organisation intérieure des locaux, sont confiés à l’architecte en chef des monuments historiques Jean Gabriel Mortamet. En 1978, les HCL font l’acquisition des bâtiments mais la ville de Lyon reste propriétaire du jardin devenu public, ainsi que du bâtiment de la galerie dont le RDC est occupé par le Service des Espaces verts. Depuis 2007, les HCL vident peu à peu les bâtiments pour transférer les archives vers des locaux plus adaptés.

 

Le jardin de la Visitation

 

Parallèlement à la construction du couvent, les sœurs aménagent le parc autour des bâtiments. Totalement clos de mur, les acquisitions successives de parcelles de terrain étendent le parc permettant ainsi aux religieuses de préserver leur isolement. En 1862, année d’acquisition d’une nouvelle parcelle de terrain, la grotte de Lourdes est érigée et accueille une statue de la Vierge au pied de laquelle coulait une petite rivière. Le 8 novembre 1862, des ossements de religieuses conservés à l’origine dans l’ancien couvent de la Croix-Rousse seront placés dans cette grotte. Cette dernière, déplacée lors de la construction du bâtiment de la galerie, sera démontée en 1972. Il n’en reste aujourd’hui que quelques vestiges.

 

En 1882, suite à l’acquisition d’une nouvelle parcelle de terrain, le jardin bénéficie de nouveaux aménagements : création de bosquets d’arbres et d’une « salle d’ombrage » au nord du couvent, une petite forêt de sapins est plantée en bas du jardin destinée à accueillir plus tard une statue de Saint-Régis. Un pavillon situé en bas du jardin sera transformé en oratoire dédié au Sacré-Cœur auquel sera accolée une serre sur sa façade sud. 

Le jardin de la Visitation, propriété de la ville de Lyon est aujourd’hui un jardin public. Véritable coin de campagne dans la ville, les habitants aiment s’y retrouver.

 

De la rue Pauline Jaricot, il est possible de rejoindre le haut du parc archéologique par le chemin de la Visitation d’une longueur de 2km.

 

Le couvent de la Visitation est désormais un hôtel 4 étoiles, le Fourvière Hôtel : 75 chambres et suites avec vue réparties sur 3 niveaux,un bar-restaurant "bistronomique", des salles et salons de charme pour séminaires, réunions, lancements, événements ou fêtes, un espace bien-être "Fourvière Les Bains", parking privé, ...  https://www.fourviere-hotel.com

 

 

 

Pour en savoir plus :


Dossier de l’inventaire : https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr

"Couvent de la Visitation Sainte-Marie de Fourvière", puis "archives centrales des Hospices civils"