FRANÇAIS
ENGLISH

Vous êtes ici : SECT UNESCO > Fourvière > Montauban/Pierre-Scize > Château de Pierre-Scize

 

CHÂTEAU DE PIERRE-SCIZE

 

Le château Pierre Scize, également appelé château de Pierre Encise, fut construit aux Xe et XIIe siècles.  Il occupait une place stratégique, face à la Saône, la dominant d’une cinquantaine de mètres. Cette forteresse matérialisait la frontière entre le royaume de France et le Saint-Empire romain germanique.

 

Des roches granitiques grisâtres affleuraient de chaque côté de la Saône, formant deux falaises abruptes ne laissant qu’un passage étroit entre les collines de Fourvière et de la Croix Rousse. La légende dit qu’à l’époque romaine, Agrippa, Gouverneur de la Gaule, aurait fait tailler les contreforts du rocher qui rendait la circulation fluviale difficile, particulièrement  en période de crue, d’où le nom de Pierre-Encize ou Pierre Scize qui signifie pierre coupée ou fendue (petra incisa ou petra scissa)

 

Historique

 

Le château de Pierre Scize fut édifié par l’archevêque et comte de Lyon,  Burchard III, au XIe siècle. F. Cuaz écrit qu’un donjon y aurait été construit au début du XIe siècle. En 1099, l’Archevêque Hugues réunit un concile régional en ces lieux.

Au XIIe siècle, Lyon étant en litige entre le Comte de Forez et l’archevêque, le pape décida, en 1173, que le comté et la ville reviennent à l’archevêque Jean de Bellesmains.  Ce dernier décida de réparer et compléter le château Pierre Scize.  Son successeur  Renaud de Forez  continuera les travaux d’agrandissement qu’il terminera en 1208. Il  s’y réfugiera cependant dès 1197, fuyant les périodes de troubles.

 

Cette époque est ainsi sous la toute puissance féodale de l’archevêque-comte. Mais les bourgeois lyonnais désirant obtenir l’autonomie communale, s’adressent au roi de France. C’est ainsi qu’en 1307, l’archevêque Louis de Villars fait allégeance au Roi.  Il n’en sera pas de même pour  son successeur Pierre de Savoie qui tient tête au roi Philippe le Bel qui envoie son fils, Louis le Hutin prendre possession de Lyon. Pierre de Savoie se réfugie au Château Pierre Scize mais finit par capituler, n’ayant pas obtenu de soutien de la part de l’Empereur ni du Comte de Savoie. L’archevêque perd ainsi sa puissance comtale. La ville de Lyon entre dans le Royaume de France en 1312. Les bourgeois obtiennent le consulat de Lyon en 1320.

 

Cette première partie du XIVe siècle voit le début de la Guerre de Cent-Ans et une insécurité croissante. La ville construisit alors, au milieu du XIVe siècle,  les remparts de la Colline de Fourvière qui viendront s’appuyer sur le château Pierre Scize formant ainsi une ceinture fortifiée.

En 1454, Jean d’Aulon, ancien compagnon de Jeanne d’Arc, devint capitaine de Pierre Scize. En 1464, le château fut rendu par le roi Louis XI, à l’Archevêque Charles II de Bourbon, mais un an plus tard le roi, en plein conflit avec la ligue du Bien Public, fit en 1465 appel au Duc de Milan, alors son allié.

 

Ce dernier fit intervenir son fils Galea Sforza avec ses troupes. Ils s’empareront du Château Pierre Scize, qui fut gardé en gage. Le Roi devra ensuite payer les encombrants milanais pour s’en débarrasser.

 

En 1468, sur ordre du roi, le sénéchal de Lyon chassa l’officier de l’archevêque,  gouverneur du château, et prendra  possession de la forteresse. L’archevêque Charles de Bourbon protesta mais finira par quitter le château pour s’installer à l’Archevêché, près de la cathédrale Saint-Jean. Ce palais archiépiscopal fut remanié sur les substructures médiévales par ce même archevêque en 1443. Après son retour définitif, une liaison fut alors faite entre les deux corps de bâtiments, à l’aplomb du pont.

 

Le château devint une prison. Une garde spéciale, nommée « Les Avoués de Pierre Scize » était chargée de veiller sur l’édifice.  Les membres de cette garde étaient tous issus de la très ancienne Milice Bourgeoise de Lyon. Susceptible d’être attaquée depuis l’extérieur de la cité, la forteresse était dirigée par un gouverneur. Sous ses ordres un important déploiement militaire, comprenant un commandant, un major, un aide major, un capitaine de portes, deux sergents et soixante douze hommes, protégeait les lieux. En 1562, les troupes protestantes de la ville prennent la forteresse, mais le Baron des Adrets, venu en renfort, reprendra rapidement la forteresse. 

 

Il enfermera très vite quelques catholiques à Pierre Scize, dont le sergent de ville Claude Fenyol, mais en 1570, après un retournement de situation, c’est ce dernier qui mettra  le Baron des Adrets en prison. En 1588, les Gueux de Lyon, tenteront de pénétrer dans la forteresse.

 

En 1625, Pierre Scize devint une propriété royale, sur ordre du roi Louis XIII.  En 1670, une compagnie de 50 hommes fut détachée du Régiment des Lyonnais pour garder les portes de la ville. Sous la Révolution, l’usage de prison se poursuivit. En 1792, on y enferma des royalistes conspirateurs, ecclésiastiques, ainsi qu’une dizaine d’officiers du Royal-Pologne, de passage à Lyon .  Peu de temps après ces dernières arrestations, une foule déchaînée accèdera aux prisons et massacrera ces officiers. Un seul en réchappera. Ce château,  symbole de l’Ancien Régime, sera démoli, par l’armée conventionnelle en 1793. Le rocher servira alors de carrière. Sous Louis Philippe, Rohault de Fleury aura le projet de reconstruire un fort sur l’emplacement du château, mais y renoncera.

 

Architecture

 

Des historiens disent qu’un édifice romain existait déjà du temps des Romains à l’emplacement du Château Pierre Scize. En 1826, des ouvriers occupés à travailler en ces lieux trouvèrent des lampes sépulcrales, ainsi que des médailles et autres objets.

 

 Le château de Pierre Scize ayant totalement disparu, il ne reste que peu d’informations sur son architecture.  Les gravures que l’on peut trouver aujourd’hui donnent peu d’éléments de détail.  Seuls quelques documents et gravures nous fournissent des éléments intéressants.

 

Les  Mémoires d’Albert de Pontigaud, nous donne une idée  de la configuration du château.  Il dit que cette forteresse était accessible, non seulement par des escaliers  mais qu’il existait une route tracée dans la montagne, qui n’était accessible qu’à dos de mulet. 

 

L’aspect assez effrayant de la forteresse, vue du quai, s’expliquait par les murailles formant un ensemble massif, dominant la Saône d’une cinquantaine de mètres. La forteresse était flanquée d’un donjon circulaire imposant qui dominait la porte d’entrée encadrée par deux tours et bordée d’un fossé enjambé par un pont-levis. La partie sud du rocher, faisant face  à la ville, comportait une haute courtine percée d’archères, surmonté d’un chemin de ronde. La courtine de la partie nord abritait une chapelle, des logis comprenant 10 pièces, ainsi qu’une cuisine,  des bouteilleries et une galerie. Sur le petit côté du rocher, deux tours de flanquement surplombaient la rivière.

 

De ce côté une poterne était percée dans le mur et desservait un escalier, taillé dans le rocher et descendant en pente raide jusqu’au quai. L’aspect assez effrayant de la forteresse, vue du quai, s’expliquait par les murailles formant un ensemble massif, dominant la Saône d’une cinquantaine de mètres. La forteresse était flanquée d’un donjon circulaire imposant qui dominait la porte d’entrée encadrée par deux tours et bordée d’un fossé enjambé par un pont-levis.

 

La partie sud du rocher, faisant face  à la ville, comportait une haute courtine percée d’archères, surmonté d’un chemin de ronde. La courtine de la partie nord abritait une chapelle, des logis comprenant 10 pièces, ainsi qu’une cuisine,  des bouteilleries et une galerie. Sur le petit côté du rocher, deux tours de flanquement surplombaient la rivière. De ce côté une poterne était percée dans le mur et desservait un escalier, taillé dans le rocher et descendant en pente raide jusqu’au quai.

 

L’inventaire des meubles effectué en 1452-1453, cite huit chambres, une cuisine, une étude, un cellier, deux bouteilleries, une salle contenant  un moulin à bras ainsi qu’une chapelle dédiée à Saint-Michel. Seuls les cachots, même si on sait qu’ils ont existé, ne sont pas mentionnés dans les documents, probablement parce qu’ils ne possédaient  aucun meuble.

Au XIVe siècle, les fortifications médiévales de la ville, partant de la colline de Fourvière, viennent s’appuyer sur le château Pierre Scize, assurant ainsi le système défensif de la cité jusqu’à la porte de Pierre Scize.

Au XVe siècle, lorsque le roi récupèrera le château il fit construire, en modifiant la courtine, deux tours basses équipées de canons utilisés lors des solennités lyonnaises.

Comme nous l’avons déjà mentionné, il fut complètement détruit en 1793, et l’emplacement servit de carrière.

 

Les prisonniers célèbres de la forteresse

 

Si cette prison du Château Pierre Scize a vu passer nombre de prisonniers de droit commun, des prisonniers politiques furent enfermés en ces lieux depuis Louis XI jusqu’à la Révolution.

 

Jean d’Armagnac, décapité à la Bastille, fut d’abord emprisonné par Louis XI au Château Pierre Scize en 1476. Il fut accusé d’avoir pris part à la révolte de la Ligue du Bien Public. Cette dernière,  qui fut menée par le frère du roi, Charles de France en 1465, était contre l’accroissement des pouvoirs du roi de France.

 

Ludovic Sforza de son vrai nom Ludovico Maria Sforza,  duc de Milan, appelé Le More,  fit de Milan, une des cours les plus importantes d’Europe.

Ce personnage, calculateur et cruel,  protégeait les artistes et les savants, tels Bramante et Léonard de Vinci.

Plus porté sur les intrigues que sur les armes, il développa des alliances avec les principales dynasties d’Europe. Il se détourna du roi Charles VIII après lui avoir demandé de l’aide en Italie.

Il entra ensuite en lutte avec Louis XII, dont la grand-mère est Valentine Visconti, briguant le Milanais. Ludovic Sforza qui fut vaincu et fait prisonnier par la Trémoille. Il fut emprisonné au château de Pierre Scize en 1500.

Il mourra dans la solitude au château de Loches, en 1508. Son frère, le cardinal Ascagno Sforza fut également emprisonné en ce lieu.

 

Le Capitaine de Fenoyl, tenta de résister aux protestants qui,  secondés par leurs frères du Dauphiné qu’ils ont fait entrer dans la ville, envahirent les rues.   Chargé de défendre la porte de Saint-Eloy, le capitaine et ses 25 arquebusiers  se battirent  bravement jusqu’au lendemain. Nous n’avons que peu de détails sur la suite mais on peut lire, dans les Délibérations consulaires de 1589 « Arrestation d’un grand nombre de personnes impliquées dans le complot ou soupçonnés de trahison, parmi lesquelles le capitaine Fenyol, sergent-major de la ville  qui s’est nouvellement acquis une très-mauvaise réputation de mauvais citoyen envers le peuple ». Il fut incarcéré à Pierre Scize.

 

François Beaumont, Baron des Adrets,  capitaine huguenot, était à la tête des milices protestantes lorsqu’ils prirent le pouvoir à Lyon en 1652. 

Animés par la rage de détruire, ils s’attaquèrent aux bâtiments catholiques tels que  la cathédrale, les églises Saint-Etienne et Sainte-Croix, la basilique des Macchabées, Saint-Irénée, le cloître d’Ainay et l’Observance ainsi qu’aux maisons des chanoines. François de Beaumont, surtout connu pour sa sinistre réputation de cruel et redoutable combattant, ouvrit par contre plusieurs rues pour faciliter le passage des troupes.

On trouve aussi  dans les écrits de Jean Etèvenaux, l’évocation de l’aménagement de la place Bellecour et du Chemin-Neuf notamment. Arrêté pour trahison en 1563 par les protestants et en 1570 par les catholiques, il retrouva pourtant chaque fois la liberté.  Ayant perdu la confiance des deux parties, il se retira  en son château de la Frette, en Isère, où il mourut en  1587.

 

Claude de Bauffremont, baron de Sennecey, bailli de Chalon et gouverneur d’Auxonne, Lieutenant Général des  Gens d’armes de la Compagnie du Duc de Guise, Lieutenant général au gouvernement de Bourgogne, ardent catholique et ligueur, séjourna à la prison de Pierre Scize en 1592. (Histoire civile et ecclésiastique, ancienne et moderne de la ville et cité de Chalon sur Saône, composée par le P. Claude Perry, de la Compagnie de Jésus – M. D. C. LIX – A Chalon-sur-Saône, Chez Philippe Tan, Imprimeur du Roy, de la Ville).

 

Charles de Coligny-le-Vieux, d’Andelot et de Saint-Bris. Né protestant, il se convertit et devient catholique après avoir rallié la ligue. Sur les ordres du Duc de Nemours, il fit un court séjour à Pierre Scize.

 

Charles-Emmanuel de Savoie, Duc de Nemours, fut un ardent défenseur de la Sainte Ligue Catholique.  Il  fut emprisonné par les Huguenots au château d’Amboise en 1588 d’où il s’évada. Il partit pour Lyon et il est nommé 13e gouverneur du Lyonnais en novembre 1588. 

Après avoir participé au siège de Paris. Il repartit en guerre en 1593 et conquit Vienne et le Forez. Il décida de ramener ses troupes à Lyon, après avoir refusé d’observer la trêve que le Ligue venait de conclure avec Henri IV.

Il tenta de rendre le Lyonnais indépendant de la Couronne.

Il fut emprisonné sur ordre du consulat de la ville de Lyon, dans le château Pierre Scize, par l’archevêque Pierre de Saint-Priest d’Epinac, en septembre 1593. Là encore, il s’évadera en Juillet 1594 et mourra l’année suivante, âgé de 28 ans.

 

Henri de Cinq Mars et François Auguste de Thou. Henri Coiffier de Ruzé d’Effiat, Marquis de Cinq Mars, Grand Ecuyer de France, titre qui lui valut le surnom de "Monsieur le Grand", devint l’ennemi de Richelieu et rejoignit les opposants du Cardinal. Parmi les conjurés, on trouve notamment Gaston, Duc D’Orléans, frère du Roi, Anne d’Autriche et François de Thou, conseiller au parlement de Paris et conseiller d’Etat.  Richelieu fut informé de cette conspiration et Louis XIII se laissa convaincre de signer l’arrestation de Cinq Mars et de Thou. Richelieu et Louis XIII  ordonnèrent leurs transports à Lyon pour le déroulement du procès.

Emprisonnés au Château de Pierre Scize,  Ils seront condamnés à mort pour crime de lèse majesté et décapités 12 septembre 1642 sur la place des Terreaux. Cinq Mars n’a que 22 ans et François de Thou 35 ans.

 

Le marquis de Sade y fit un séjour en 1768.

 

 

Bibliographie :

 

Site du Musée Militaire de Lyon : https://www.museemilitairelyon.com
Site du Diocèse de Lyon : http://museedudiocesedelyon.com
François DallemagneLes défenses de Lyon - enceintes et fortifications – Editions Lyonnaises d’Art et d’Histoire, 2010
F. Cuaz -  le Château de Pierre Scize et ses prisonniers - A. Rey, Lyon 1907