Eglise Saint-Bernard
L'église Saint-Bernard est un curieux monument qui interpelle le visiteur : située montée Saint-Sébastien sur les Pentes de la Croix-Rousse (Lyon 1er), elle n'a ni parvis, ni clocher, et est désacralisée depuis 1999. Elle est de plus fermée depuis 2004.

Le 17 mars 1852, une pétition est envoyée à la mairie de Lyon afin de la solliciter pour le projet de construction d’une chapelle provisoire. M. Willermoz, l’un des signataires, propose, pour une somme symbolique, un terrain situé entre les rues de Sève, de Vaucanson et la montée Saint-Sébastien. Le projet est rapidement accepté : le 19 mars la préfecture donne son accord pour la nouvelle construction et le 24 mars, le terrain est officiellement remis. Le 22 août, la chapelle, en bois et en briques, est bénie.
En parallèle, on travaille à la construction de l’église définitive. La commission créée pour l’occasion, confie la construction à Tony Desjardins, architecte à qui l’ont doit notamment l'église Saint-Pierre de Vaise, mais également la restauration de l’Hôtel de Ville et la construction d’une aile du Palais des Beaux-Arts. Celui-ci établit un devis qui s’avérera très vite largement sous-évalué.

En 1871, Tony Desjardins est à nouveau sollicité pour établir un devis afin de terminer la façade. Le montant étant trop élevé, le projet est abandonné et le clocher et l’escalier ne verront jamais le jour. Les travaux intérieurs continuent cependant : des barrières sont posées dans le chœur, les orgues sont inaugurés, des dossiers sont installés aux stalles et des boiseries posées dans le chœur. Lucien Bégule est chargé de la réalisation de vitraux.
En 1888, le tunnel du funiculaire est percé, et passe sous l’église. Les travaux entraîneront un affaissement du terrain et des dégâts à l’édifice. La ville prendra en charge les réparations, qui seront placées sous la direction d’Abraham Hirsch, architecte en chef de la Ville et ancien collaborateur de Tony Desjardins. Des études géologiques réalisées ont permis de se rendre compte que l’église a été édifiée sur différents réseaux souterrains qui la fragilisent (réseau des fantasques, arrêtes de poisson …).

Il convient de noter que ce patrimoine lyonnais en danger n’est pas qu’architectural, mais également artistique. En effet à l’intérieur de l’église les superbes vitraux attribués à Lucien Bégule sont également menacés, à cause de l’instabilité du monument, mais également à la suite d’actes de vandalismes dus à des « squatteurs » mal intentionnés.
C’est dans cet état quasi fantomatique que l’église Saint Bernard continue de dominer de façon harmonieuse les pentes de la Croix-Rousse et en particulier la place Colbert. Il ne reste plus qu’aux passants, qui s’interrogent devant cette église désaffectée, à espérer que des budgets suffisants permettent la rénovation de cet édifice et son renouveau.