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L’histoire de ce pont célèbre, qui fut l’un des premiers à franchir la Saône, commence au XIe siècle. Il est probable et logique qu’un pont romain le précéda, même si nous n’avons pas de preuve de son existence.
Le vieux Pont du Change, initialement appelé Pont de pierre, fut consacré en 1070 par l'archevèque de Lyon Humbert. Cet ouvrage, comme beaucoup d’autres édifices, a été construit en réutilisant des matériaux romains.
L’emplacement choisi pour édifier ce pont est surprenant car un haut-fond de roches cristallines barrait la rivière. Ce battage générait sous "l’Arche Merveilleuse", un rapide appelé "rapide de la Mort qui Trompe", rendant la passe périlleuse. Lorsque les eaux étaient basses, les roches devenaient apparentes et la navigation était impossible. En temps normal, seules deux passes sur chaque rive était en eaux profondes, dont celle "de la Mort qui Trompe", au nom évocateur.
Il comportait sept arches, dont l’Arche Merveilleuse, véritable chef-d’œuvre technique. Cette dernière était surmontée de maisons importantes, hautes de trois à quatre étages. Les plus proches de Saint-Nizier étaient habitées par des orfèvres.
Seul pont en activité jusqu’en 1643, il était souvent encombré par les chariots, les cavaliers, les chalands des boutiques et les promeneurs qui circulaient sur cette voie étroite. Les accidents étaient fréquents.
Lors du déroulement de La Fête des Merveilles, dont l’origine remonte aux Romains et qui se poursuivit jusqu’au XIVe siècle, des bateaux équipés et décorés par les notables aidés par les Chanoines-Comtes descendaient en procession jusqu’au port d’Ainay et passaient sous l’Arche Merveilleuse.
Il était aussi le théâtre d’exécutions capitales. Des gibets ou des estrapades étaient élevés sur le pont.
Ce pont fut détruit en 1842. La crue de 1840, provoquée sans doute par ces rochers qui faisaient barrage et le développement de la navigation fluviale grâce aux machines à vapeur furent les causes de sa destruction. Si la démolition du pont dura un an, il n’en sera pas de même pour le dérochement du lit de la Saône qui s'étendra sur près de quinze ans. Lyon perdit un élément important de son patrimoine.
Le nouveau pont, toujours construit sur les rochers, mais un peu plus en aval, ne comportait plus que six arches et portait alors le nom de Pont de Nemours, en l’honneur du Duc de Nemours, fils de Louis-Philippe. Il redevint le pont du Change en 1848. Après la dernière guerre, les services de la navigation trouvaient ce pont toujours aussi gênant pour la circulation. Ils obtinrent gain de cause et il fut à nouveau détruit en 1974.
On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec le Pont au Change de Paris, qui fut construit au IXe siècle et s’appelait alors le Petit Pont. Emporté par les crues de 1296, un nouveau pont le remplace. Il est à nouveau détruit. Ce n’est qu’en 1441 qu’il prend le nom de Pont au Change. En 1621, un incendie détruit à nouveau le pont, les changeurs reconstruisent le pont à leur frais.
Louis VII participe lui-même aux frais de construction. Sur ce pont, comportant sept arches, sont alors édifiées trente à cinquante maisons joliment décorées, à deux étages et des échoppes occupées par des orfèvres, joailliers et changeurs. Il a été témoin, comme le Pont du Change, du passage de cortèges royaux. Ces maisons furent détruites en 1786.
Au XIXe, ne correspondant plus aux contraintes de l’urbanisme, Il fut reconstruit, sur un nouvel emplacement, par Napoléon III en 1858, tel qu’on peut le voir encore aujourd’hui, composé de trois arches de forme elliptique dont les voûtes intègrent des pierres taillées de l’ancien pont.
Et puisque nous parlons bien de ponts habités, n’oublions pas de mentionner le Ponte Vecchio de Florence, construit en 1345 à l’emplacement d’un pont romain et de deux autres ponts qui se sont successivement écroulés au Moyen-Âge. Il était et reste encore aujourd’hui une galerie marchande pour les joailliers et les orfèvres occupant les maisons construites sur le pont depuis 1593. Au-dessus des maisons se situe le corridor de Vasari construit en 1565, qui était emprunté par les Médicis pour se rendre du Palazzo Vecchio au Palais Pitti.
Aujourd’hui, pour ce qui est "notre" Pont du Change, il n’y a plus de pont à cet emplacement. Seuls les gradins implantés à la fin des années 80 en face de l'église Saint-Nizier, pour descendre vers la rivière marquent le site. Malgré tout, l’histoire de ce pont reste profondément ancrée dans la mémoire et dans le cœur des lyonnais.
Le pont Maréchal Juin fut alors construit en face de la rue Grenette, plus en aval. Ceci s’explique par le fait qu’à cet emplacement le lit de la Saône est plus large, ce qui rend la navigation plus facile. D’autre part les progrès réalisés dans l’architecture des ponts ne nécessitent plus le soubassement rocheux qui supportait le Pont du Change.