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LA SAÔNE ET SES PONTS

 

L'histoire de Lyon est intimement liée à la Saône qui est véritablement le berceau de la ville. Dès l’antiquité, la ville romaine s’étend sur la rive droite. Au Moyen-Âge le cœur de la ville se situe autour de la cathédrale Saint-Jean et à la Renaissance le pont du Change, bordé de boutiques, est le passage principal de la rive droite à la rive gauche.

 

La Saône

 

La Saône est appelée Arar dans l’antiquité, telle qu’elle figure, au VIIe siècle dans Grégoire de Tours. Elle devient Saucona, Saogouna, puis Sone, Sogne, Soine, Soène, Soosne au XVe siècle.

 

La rivière Saône fait partie intégrante du magnifique panorama lyonnais et de son environnement naturel. Lieu propice à l’implantation humaine, elle est un élément fondamental de l’identité lyonnaise, les relations entre les hommes et la rivière sont très fortes. Elle est au cœur de la vie des habitants. Son influence a été déterminante dans l’évolution de la ville et plus particulièrement des quartiers anciens, ayant de tout temps permis une ouverture sur le monde extérieur, grâce au commerce notamment.

 

L’homme a façonné ses rives par les travaux d’aménagement : ports, quais, rives, habitations et les fonctions qu’ils lui ont attribuées.

 

Les maisons sont construites directement au bord de la rivière jusqu’au XVIIIe siècle. Ce n’est qu’après le siège de Lyon, en 1793, que l’on voit les premiers dégagements des bords de Saône, dictés par un besoin de meilleure circulation et une amélioration des règles d’hygiène. L’industrialisation qui se développe au XIXe siècle va faire perdre à la Saône son intérêt économique pour faire place à une dimension plus historique.

 

De nombreux projets ont été annoncés pour des bords de Saône plus accueillants pour les promeneurs avec un patrimoine valorisé sur ses rives.

 

Les ponts de Saône sur le site historique

 

Bien que nous n’ayons aucune preuve des lieux de passage empruntés par les Romains pour franchir la Saône d’une rive à l’autre, il est fort probable qu’ils utilisaient les hauts-fonds naturels en franchissant les gués. Vinrent ensuite les bacs à traille, et ces barques si particulières à fond plat appelées bêches.

Si le pont du Change est resté longtemps le seul pont reliant Saint-Jean à la presqu’île par les quartiers de Saint-Nizier, on compte aujourd’hui quatre ponts et deux passerelles franchissant la Saône à hauteur du Vieux-Lyon.

 

Le Pont de la Feuillée

 

Ce pont franchit la Saône du quai de la Pêcherie au quai de Bondy. Traditionnellement, une feuillée était un abri ombragé et feuillu sous les saules ou les peupliers destiné à abriter une guinguette ou une latrine rudimentaire.

 

Le fait qu’il existait une feuillée à proximité, rue du Plâtre, laisse à penser que le nom donné à ce pont correspond bien à cette définition. La Compagnie Girardon, qui devait constamment réparer le pont Saint-Vincent, obtint par ordonnance royale de 1827 le droit de reconstruire un nouveau pont plus en aval.  Ce sera le premier pont de la Feuillée. Par la même ordonnance elle obtint également le droit  d’implanter une passerelle, à l’emplacement de l’ancien pont, qui prendra le nom de passerelle St Vincent.

 

Les piles de ce pont suspendu soutenant les extrémités étaient situées très près de la rive afin de faciliter la navigation. Ouvert en 1831, il rencontra dès 1840 de graves problèmes dus à une malfaçon. En effet, la compagnie ayant réduit la hauteur au-dessus des eaux de 20 cm, les hautes eaux entraînent les bateaux qui heurtent le tablier du pont. Le pont resta fermé plus d’une année. En 1910 il fut remplacé par un pont métallique. Son arche centrale, de 75 m. d’ouverture, facilita la navigation. Malheureusement, il fut presque entièrement détruit en 1944. L’arche centrale s’écroula et tomba dans la Saône entraînant les piles du pont. On le reconstruisit une nouvelle fois et il fut inauguré en 1949.

 

Photo de vacances

Les piles du pont, recouvertes de pierre de taille sont également proches des rives et le tablier est en acier. Cette fois-ci, il comporte une travée centrale et deux latérales, plus petites, telles qu’on peut les voir aujourd’hui.

 

Le Pont Maréchal Juin

 

Le quai Saint-Antoine est relié par ce pont au quai Romain Rolland. Il porte le nom d’Alphonse Juin, héros de la campagne d’Italie, nommé Maréchal de France en 1952. 

Ce pont est situé plus en aval que l’emplacement du Pont du Change qui fut détruit en 1974 et dont il ne reste, sur la rive gauche à hauteur de St Nizier, que les gradins qui descendent vers la rivière.

La construction du pont Maréchal Juin débuta en 1971 face à la rue Grenette. A cet emplacement le lit de la rivière est plus large, ce qui rend la navigation plus facile car les bateaux de gros gabarit doivent pouvoir circuler sur la Saône.

 

L’ouvrage, est construit en béton précontraint, ce qui lui donne un aspect plus aérien. Il fut inauguré en 1973. Sa largeur est de 22 mètres, dont 14 mètres de chaussée. La portée totale des trois travées est de 131,80  mètres, ce qui en fait le plus long des ponts de Saône. Si ce pont convient bien à la navigation par sa situation et sa hauteur, il casse la vue sur la colline de la Croix-Rousse.

 

La Passerelle du Palais de Justice

 

Cette passerelle part du quai des Célestins, et rejoint la place Paul Duquaire, devant le Palais de Justice.

 

Son histoire commença en 1778, lorsque le pont de l’Archevêché, alors en très mauvais état, fut fermé et démoli. Le premier ouvrage réalisé à cet emplacement était un pont de bateaux constitué de douze embarcations de quinze mètres de long reliées entre elles par des amarres et des cordes elles-mêmes rattachées, sur chaque rive, à des pilotis enfoncés dans le lit de la rivière. En 1795,  il ne résista pas aux glaces charriées par la Saône qui l’emportèrent.

 

Le sieur Guillaume Niogret devenant acquéreur des restes du pont, fournira les capitaux nécessaires à sa reconstruction.  Comme autorisé par la loi, le nouveau pont de bois est à péage, pour une durée de 53 ans. En 1820, il fut endommagé par les retombées d’un feu d’artifice. En 1824, des piles du pont furent endommagées par les crues.

 

Fragilisé et résistant de plus en plus mal aux intempéries, il sera remplacé en 1833 par un pont suspendu de 90 m de portée, construit par la Compagnie Seguin. Ce nouveau sera emporté par la crue de 1840. Le passage étant très important, ce pont fut à nouveau reconstruit. Il résistera à la crue de 1856. En 1944, les câbles et le tablier furent partiellement détruits par les forces allemandes. Il sera réparé et rouvert en 1945 puis à nouveau démoli en 1972.

 

On pense d’abord que le pont Maréchal Juin va assurer la liaison, mais devant l’insistance de la population qui se voit obligée à faire un grand détour, le Conseil Municipal décide de construire une passerelle pour les piétons.  Le projet de l’architecte urbaniste Charles Delfante est retenu et l’ouvrage de 126 m de long et 4 m de large voit le jour en 1982. Cette élégante passerelle au pylône unique auquel sont rattachés les câbles soutenant le tablier, est très fréquentée par les Lyonnais et les touristes qui ont, de ce lieu, une magnifique vue sur la Croix-Rousse et la vallée de la Saône.

 

Le Pont Bonaparte

 

Ce pont relie Bellecour à St Jean, de la place Antonin Gourju à l’avenue Adolphe Max. Le premier pont construit à cet emplacement, entre 1634 et 1642, par l’ingénieur Jean-Christophe Marie était en bois, porté par neuf piles solidaires. En 1669, le Chapitre reprend le pont qui est géré par la ville.

 

Ce pont à péage, très maltraité par l’hiver le plus rude du siècle, fut gravement endommagé en 1709. Chaque fois que les dégâts causés empêchaient le passage, il devait être remplacé par un pont volant ou un pont de bateaux. Il fut donc encore une fois reconstruit en 1732 pour être à nouveau démoli en 1778 et remplacé par un pont volant.

 

Les projets vont alors se succéder pour la construction d’un nouveau pont, qui ne verra son achèvement que le 30 janvier 1810. Ce délai s’explique entre autres, par les hésitations dans le choix des matériaux et par les événements de la Révolution qui stoppèrent plusieurs fois les travaux. Durant cette période de conflits, la population utilisera planches et madriers destinés au chantier de construction pour ses besoins en chauffage notamment. De plus, des modifications et de nombreux incidents retardent les délais. C’est le dernier maître d’œuvre, Ange Carron, qui signera le bon d'achèvement de cette construction. Le Conseil Municipal décide alors que le pont s’appellerait Pont Tilsitt.

 

Malheureusement, ce pont étant trop bas et ses arches trop rapprochées, il freine les crues de 1856 qui remonteront jusqu’à Vaise. On décida donc de le démolir, dans le cadre de la loi de 1858 sur les travaux de défense contre les inondations, qui furent financés par des crédits spéciaux. La mise en adjudication des travaux eut lieu le 15 mai 1863. Les pierres de l’ancien pont ne pouvant être réutilisées, il fut entièrement construit en pierres de Villebois. Les piles étaient plus étroites et la courbure des arches moins prononcées pour un meilleur écoulement des eaux. Sa largeur passe alors de douze à plus de quinze mètres.

 

Ce beau pont fut dynamité en 1944 par les Allemands. Toutes les arches s’écroulèrent, entraînant une pile dans la rivière. Entièrement reconstruit en 1946, en béton armé, les arches et les piles furent recouvertes d’un revêtement de pierres afin de respecter le caractère patrimonial du quartier. Les parapets sont en pierres d’Hauteville. Notons, en passant, que ce sont de ces mêmes carrières, situées dans l’Ain, que proviennent les pierres de l’Empire State Building de New-York. Le pont au parapet ajouré, tel que nous le voyons aujourd’hui, comporte une grande arche centrale de 67,50 m. et deux arches latérales de 25,75 m. Il a une chaussée de 21 m. de large dont deux trottoirs de 4,50 m et une longueur de 124 m. Ce nouveau pont Bonaparte fut terminé en 1950.

 

La Passerelle Abbé Couturier, dite 'Saint-Georges'

 

Cette passerelle part du quai Tilsit pour rejoindre le quai Fulchiron. Si un premier projet est présenté en 1850, ce n’est qu’en 1852 qu’une concession de pont à péage fut accordée à Wedrokovsky pour soixante ans. 

 

Les travaux se terminèrent en 1853.  Cet ouvrage a une largeur de 3,50 m. Sa portée est de 87,50 m. La crue de 1856 frôla son tablier et atteignit 9,50 m. au-dessus des plus basses eaux.

Cette passerelle repose sur deux piles, situées à dix mètres des rives où sont ancrés les câbles qui passent au-dessus des piles par le sommet de deux piliers en fonte ayant l’aspect de deux grandes navettes, sans doute pour rappeler que le quartier Saint-Georges était le premier quartier des Canuts avant qu’ils ne migrent à la Croix-Rousse.

Les Allemands font sauter la passerelle en 1944. Partiellement détruite, elle est très rapidement rouverte au public. Elle est renommée passerelle Abbé Paul Couturier en 2003.

 

 

Le Pont d'Ainay

 

Disparu car non reconstruit après sa destruction en 1944, il portait ce nom depuis le XVIIe siècle car il unissait le quartier du même nom à celui de Saint-Georges.  Après un premier pont en bois édifié entre 1745 et 1749, endommagé en 1791 et 1793, puis dépecé et vendu en 1795,  un nouveau pont est construit en 1817, avec 5 arches en bois sur des piles en pierres. Il fut restauré en 1835. Endommagé par les crues de 1840 et 1856, il est remplacé par un autre pont de 3 arches métalliques sur deux piles en 1897-1899.