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LYON GALLO-ROMAIN

 

 

C'est en 43 av. J.-C. que naît la ville de Lyon, sur la colline de Fourvière. La Gaule est alors sous domination romaine et le Sénat romain ordonne la fondation de la cité pour abriter des colons romains chassés de la ville voisine de Vienne par les Gaulois Allobroges. Avant cette fondation romaine, il n'existe pas de ville à proprement parler, mais le site (Vaise) est occupé dès 800 av.. J.-C. par des peuples Gaulois. Ce sont des Celtes, arrivés à l'âge du Fer, probablement issus de la culture celte de Hallstatt, une des plus anciennes et qui s'étend alors sur toute la Gaule. Ces populations, qui excellent dans le commerce et la métallurgie, sont organisées en une multitude de principautés - installées dans des habitats fortifiés (les oppidums) - et sont caractérisées par leurs riches sépultures.

 

Un site d'échanges et de commerce

 

Lugdunum bénéficie alors de sa position stratégique entre cette civilisation du nord de l’Europe et la nouvelle cité de Massalia (Marseille) qui, fondée vers 600 av.. J.-C. par les Grecs Phocéens, draine les échanges avec tout le monde méditerranéen. Les amphores à vin circulent dans le couloir rhodanien pendant tout le Ve siècle. De nombreux habitats retrouvés lors de fouilles sur les bords de la Saône, à Vaise, attestent de ce trafic fluvial intense.

 

Il semble toutefois que le bourg ne soit encore qu’un relais, dont la population est probablement issue des populations gauloises locales :

  • les Ambarres installés sur la colline de la croix-Rousse

  • les Ségusiaves installés à la confluence, au pied de la colline de la Croix-Rousse, à Condate (nom celtique signifiant confluent).

 

On sait de ces peuples qu'ils commerçaient activement avec Rome. Vers le milieu du IIe siècle av. J.-C., le site de Lugdunum est déjà une plaque tournante du commerce. Le géographe Strabon mentionne une sorte de port de commerce à Lougoudounon. Cette position dominante est directement liée au fleuve. En effet, celui-ci est impraticable pour les bateaux remontant le Rhône à partir de Vienne: les marchandises y étaient donc débarquées, puis transitaient à pied par le confluent pour être rechargées sur bateaux à Vaise.

L'interaction entre populations celtes locales et commerçants romains est incontestable, tant dans le commerce que dans l'architecture (exemples de constructions de type romain à Vaise). Celle-ci va perdurer bien des années.

La tradition celte reste forte : entre la fin du IIe et le milieu du 1er siècle av. J.-C., la colline de Fourvière est le lieu de grands rassemblements votifs dédiés à Mars, dieu guerrier, ou à Mercure, dieu du commerce. Les grands enclos qu'on a retrouvés, au Verbe Incarné, dans la rue Le Châtelier et sous l’hôpital Sainte-Croix, remplis d’os de porc et de tessons d’amphores d’Italie, sont les témoins de ces rassemblements.

 

Création de Lugdunum

 

La conquête des Gaules par Rome, menée par Jules César, commence en 58 av. J.-C. et s’achève en 52 av. J.-C. avec la reddition de Vercingétorix à Alésia. La romanisation des élites est rapide et la Gaule est pacifiée jusqu'en 44 av. J.-C., date à laquelle César est assassiné à Rome. Une période de troubles s'ensuit.


Pour occuper les troupes de Lépide et de Plancus, fidèles à César et dont on craint une insurrection, le Sénat romain ordonne aux deux gouverneurs de fonder une colonie pour les Romains chassés de Vienne quelques semaines après la mort de César.

 

Ces colons ont trouvé refuge "au confluent du Rhône et de la Saône", probablement dans la presqu’île lyonnaise. Des textes administratifs mentionnent le pagus de Condate : fondation des expatriés ou colonisation d'un établissement gaulois ? Impossible à savoir...

Toutefois, en 43 av. J.-C., Lucius Munatius Plancus fonde la ville romaine de Lougoudounon / Lugdunum sur la colline de Fourvière réutilisant un nom celtique. Il est accepté aujourd’hui que celui-ci signifie « hauteur bien éclairée », des deux racines lug-, lumière et -dunum, fort, mont.
Conforme à toute nouvelle fondation romaine, les deux axes majeurs de la nouvelle cité, cardo (axe Nord-Sud) et decumanus (axe Est-Ouest), sont tracés lors d’une grande cérémonie religieuse.
Les bâtiments publics (forum, prétoire, théâtre, temple municipal du culte impérial, thermes…), les grands monuments, les îlots d’habitation, les parcelles agricoles, les voies rayonnant en Gaule, sont réalisés en fonction de ces deux axes.

 

Cependant, une autre orientation est utilisée dès la fondation, probablement par contrainte topographique. Sur la partie occidentale du plateau (Verbe Incarné, plateau de la Sarra), l’axe utilisé est la voie d’Aquitaine (actuelle rue Roger Radisson) nord-est / sud-ouest.

 

Dès les premières années de la fondation, le destin de la ville est scellé par la volonté de l'Empereur, qui souhaite étendre sa domination en Germanie. Lyon occupe une position de carrefour idéale, elle va être le quartier général des expéditions outre-Rhin et se développer jusqu'à devenir une grande capitale :

  • en 20-18 av. J.-C., l'empereur charge Agrippa de réaliser un réseau routier dont le point de départ est Lyon. Quatre voies sont mises en place, probablement sur les anciennes routes gauloises : ce sont les voies d’Aquitaine, du Rhin, de la Manche et de Narbonnaise.

  • en 27 av. J.-C., avec le découpage en provinces de la Gaule chevelue, Lyon est capitale de la Lyonnaise et réunit les services administratifs de la province. Le gouverneur y réside, on y trouve les procurateurs des finances et des successions, la douane, la cohorte urbaine et l’atelier monétaire. Les princes impériaux assurent un véritable principat sur l'ensemble de la Gaule : Agrippa, Drusus, Tibère, Germanicus.

  • dès 12 av. J.-C., la réunion annuelle des soixante chefs de tribus de l’ancienne Gaule Chevelue renforce le rôle de Lyon en tant que capitale. Cette réunion a lieu dans le Sanctuaire des Trois Gaules, au confluent : il est composé d'un autel, un temple et sans doute un bois sacré.

 

Développement de la Ville

 

Le développement de la nouvelle cité est très rapide. A peine trente ans après la fondation, le théâtre est probablement achevé, l’aqueduc du Gier est en construction, l’amphithéâtre est réalisé en 19 av. J.-C. et agrandi au IIe siècle (sans doute vers 130 - 136 après J.-C.).

Au 1er siècle de notre ère, deux autres voies sont créées : une vers l’Italie et l'autre vers Vienne. La réalisation de ces voies se fait au moment où un pont est jeté sur le Rhône, au niveau de l’actuel pont de l’Université.

La ville gallo-romaine du IIe siècle ap. J.-C. est une ville en plein essor : elle s'étend désormais, en plus du quartier de Fourvière, à la presqu'île et aux bords de Saône.

 

La presqu’île (dont le confluent est vers Ainay) est assainie dès 25 - 50 ap. J.-C. : on créé des vides sanitaires en retournant des amphores vides dans le sol, une digue est construite rue Mercière.


Au sud, le quartier des Canabae à la fois résidentiel et commerçant, s’articule lui aussi autour de deux voies perpendiculaires : une au nord de la rue Ste Hélène, et une autre partant de la place des Célestins et longeant le bord occidental de la place Bellecour.

C'est incontestablement le quartier du commerce :s’y tenaient des entrepôts de vin, huile et blé.

 

Au nord, le pagus de Condate (zone du sanctuaire et quartier St Vincent occupé dès le IXe siècle av. J.-C.), va se développer avec de riches habitations (mosaïques) et de nombreuses activités artisanales.

Les bords de Saône sont essentiellement dédiés à des quartiers artisanaux : céramistes, verriers, fondeurs pour lesquels la proximité de l’eau est indispensable. On y trouve aussi des thermes, une nécropole (quai Arloing) et des entrepôts.
Le port de Saône se situerait au niveau du quai de Bondy, et le port du Rhône est désormais bien localisé à Saint-Georges. Il semble toutefois que les deux rives de la Saône, de Saint-Georges à Saint-Paul, étaient occupées par des quais.

Dès le IIIe siècle ap. J.-C., la ville se replie sur la rive droite de la Saône et sur une étroite bande de terre sur la rive gauche. La colline est progressivement abandonnée (sauf à St Just où se maintient une petite agglomération de tailleurs de pierre, fossoyeurs et moines autour de la nécropole).

Les causes du repli de la cité sont multiples :

  • l’empire romain doit faire face à une grave crise économique, les populations les plus pauvres sont les plus durement touchées. Elles s'installent à proximité des voies fluviales qui permettent un maintien de l’activité artisanale et de l’activité commerciale. Les voies terrestres sont de moins en moins sûres, les invasions barbares (peuples germaniques : Suèves, Vandales, Alains…) sont des menaces permanentes pour la sécurité des biens et des personnes.

  • la ville est touchée par les conflits dynastiques romains, occupée et pillée à plusieurs reprises. La bourgeoisie est exilée, ses biens confisqués.

  • Lyon perd son statut de capitale des Gaules, elle n’est plus que le chef-lieu de la Lyonnaise Première, province réduite à Lyon, Autun et Langres. La mainmise de Lugdunum sur le commerce s’achève.

 

Tous ces événements sont à l’origine de la naissance du quartier aujourd’hui appelé « Vieux-Lyon ». Celui-ci se construit sur une étroite bande de terre, le long de deux rues parallèles à la Saône : il semble que la rue Tramassac soit l’axe principal du quartier.
Le Christianisme s’enracine à Lyon, la figure de l’évêque devient puissante et politique. Il est installé à Saint-Jean dès le IVe siècle, date de la construction du baptistère Saint -Etienne sur des édifices du Haut-Empire. Au Ve siècle, avec la réalisation de l’ecclésia (église de l’évêque), on peut parler de groupe cathédral primitif.
C’est à cette époque que les pierres des édifices romains de Fourvière et du sanctuaire des Trois Gaules (désormais pillés) commencent à être utilisées pour les nouvelles constructions.

 

Et Avant ?

 

Les plus anciennes traces d’une occupation humaine se situent dans la plaine de Vaise, seul endroit à l’abri des crues de la Saône, et remontent à 10 000 av. J.-C. environ. Silex et armatures de flèches témoignent de la présence des derniers chasseurs-cueilleurs dans la plaine.

Une occupation d’agro-pasteurs sur l’actuelle commune de Saint-Priest est attestée : c’est la plus septentrionale connue aujourd’hui pour cette culture qui ne s’est que très faiblement implantée sur notre territoire.

Au Néolithique final (3500-2500 av. J.-C.), la plaine de Vaise est de nouveau occupée par des agriculteurs. Des silex réalisés dans un matériau provenant de Touraine attestent du rôle de diffusion que jouent les deux vallées Rhône-Saône, déjà à cette époque.

Vers 2500-2100 av. J.-C. (culture campaniforme), la plaine du Rhône commence à être occupée (installations temporaires liées à l’élevage découvertes dans la rue Père Chevrier - 7e arrdt).

Toutefois, c’est toujours à Vaise que s’installent les sites de l’âge du Bronze (2200-800 av. J.-C.). Ce sont des sites domestiques comme en témoignent les foyers culinaires, fosses et trous de poteaux.