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GUIGNOL

 

Guignol est une marionnette à gaine créée vers 1808 par Laurent Mourguet, ouvrier en soie. Personnage haut en couleur à la langue bien pendue, il utilise le parler lyonnais et des expressions truculentes, pour dénoncer l'injustice sociale en prenant le parti des petites gens. Accompagné de Gnafron, un savetier joyeux buveur de Beaujolais, et de sa femme, Madelon, Guignol vit des aventures présentées dans un petit théâtre. Les décors du castelet sont des lieux typiques de la ville de Lyon comme le café du Soleil sur la place de la Trinité dans le quartier Saint Georges. Dès sa naissance, ce spectacle destiné aux adultes connaît un franc succès, Guignol devient l'emblème de la ville de Lyon et des Lyonnais. Ce succès ne se démentira jamais. Aujourd'hui encore, il tient une place privilégiée dans le cœur des Lyonnais.

 

Laurent Mourguet

 

Né le 3 mars 1769 à Lyon, Laurent Mourguet, un ouvrier en soie (un canut) est le père de Guignol.

 

Le 22 novembre 1788, en l'église Saint-Georges, il épouse Jeanne Esterle dont il aura dix enfants. Sa condition de canut ne lui permettant plus de subvenir aux besoins de sa famille, il part sur les routes pour devenir marchand-forain puis arracheur de dents. Mais les villageois tremblent en entendant les cris que provoque chaque dent arrachée. Bientôt plus personne n'ose s'approcher de la chaise du dentiste.

 

Pour attirer la clientèle, Laurent Mourguet, va faire preuve d'imagination : il utilise la marionnette de Polichinelle, personnage très en vogue à cette époque, pour distraire les clients en leur racontant des histoires drôles. Les passants s'arrêtent, tout le monde rit et cette humeur joyeuse apaise la douleur du patient. Laurent Mourguet devient l'ami du public et face au succès rencontré sur les foires et les marchés, il abandonne le métier de dentiste.

 

Vers 1804, Laurent Mourguet, toujours avec sa marionnette Polichinelle, installe son castelet dans la grande allée des Brotteaux, au milieu du jardin le Petit Tivoli. 

 

Un jour prend place devant le castelet un violoneux répondant au nom du père Thomas. Celui-ci va jusqu’à lui donner la réplique. Le public est ravi et accourt chaque jour davantage. Au fil des années, il abandonne alors les personnages de la Commedia dell’ Arte et invente Gnafron puis Guignol, ce duo mythique de personnages purement lyonnais. Laurent Mourguet renoue avec la tradition ambulante et se produit avec sa famille dans tout le Lyonnais.  Vers 1830, son fils Etienne s'installe au Café du Caveau, place des Célestins. En 1840, il se retire à Vienne dans l'Isère. ll décède le 30 décembre 1844.

 

Ses enfants reprennent le flambeau et deviennent comme lui « guignolistes », tout d'abord au Café du Caveau de 1837 à 1848, puis au Castelet du théâtre de Guignol de 1852 à 1873, dans le Petit Passage de l'Argue (fermé en 1927).

 

Laurent Mourguet ne savait ni lire, ni écrire. Les pièces constituant le répertoire de Guignol nous sont parvenues, en majorité, grâce à un magistrat, Jean-Baptiste Onofrio, habitué des spectacles de Guignol joués dans les café-théâtres.  Dès 1865, il publie un recueil de 20 pièces intitulé « Théâtre Lyonnais de Guignol ». Le répertoire classique y est partiellement repris mais de façon très assagie. Guignol devient présentable et le public s'élargit alors à la bourgeoisie lyonnaise.

De 1872 à 1875, c'est le marionnettiste Pierre Rousset qui oeuvre au Petit Passage de l'Argue. Grand interprète du répertoire de Guignol, il reprend certains sujets des pièces écrites par Mourguet et les adapte avec des variantes. 

 

Dix de ses pièces manuscrites ont été acquises en 2006 au nom de la ville de Lyon par le Musée International de la Marionnette (Musées Gadagne).

 

En 1908, Pierre Neichthauser (marié en 1903 avec Eléonore Josserand arrière petite-fille de Laurent Mourguet) décide de célébrer le centenaire de la marionnette. Dès lors, le Guignol lyonnais des frères Pierre et Ernest Neichthauser (au Théâtre du Gymnase du quai Saint Antoine) connait un succès national et même international, qui s'essouflera après la seconde guerre mondiale.

En 1911, des Lyonnais décident d'élever, grâce à une souscription publique, une statue en hommage à Laurent Mourguet, créateur de Guignol. Elle est inaugurée le 21 avril 1912. Suivra en 1913 la création de la Société des Amis de Guignol, qui devient en 1947 la Société des Amis de Lyon et de Guignol.  Dans les années soixante et jusqu'en 1990, la famille Mourguet représentée par Jean-Guy Mourguet, assure le répertoire de Guignol dans le théâtre dit « du Petit Bouif » de la rue Saint Georges. Après la dernière représentation, J-G Mourguet décide de léguer marionnettes, accessoires et documents du théâtre à la ville de Brindas (où il habite, et où les Neichthauser ont aussi vécu).  Un musée s'y est ouvert en 2008.

 

Les Personnages du Théâtre

 

Entre 1804 et 1808, les personnages de Laurent Mourguet sont ceux de la Commedia dell’arte comme Polichinelle et Arlequin, très en vogue. En 1808, il abandonne ces personnages et invente Guignol, le canut à l'esprit satirique qui prend partie des petites gens. L'origine du personnage de Guignol est incertaine : certains affirment que Laurent Mourguet s'inspira de sa propre image, d'autres prétendent qu'il aurait figé l'expression d'un voisin canut, d'origine lombarde. Dans certaines pièces Guignol à pour prénoms : Jean Siflavio. Il crée ensuite les autres personnages du théâtre de Guignol :

 

  • Madelon, la fenotte (l'épouse) de Guignol, fidèle à son mari, est une bonne travailleuse (ménagère). Econome et débrouillarde, elle est souvent anxieuse et son mari moque de son esprit bougon. Contrairement à Guignol, elle n'aime pas spécialement faire la fête. Elle porte un bonnet, une robe de lainage le plus souvent fleurie et un "devanti" , tablier.
     
  • Toinon est parfois la femme de Gnafron, mais elle change de fonction selon les pièces. Elle représente la sagesse.
     
  • Le gendarme Flageolet

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  • Grégoire Lambert Ladré dit "le père Thomas", bonimenteur, violoneux placé devant le castelet de Laurent Mourguet lui donne spontanément la réplique, ce dialogue amuse tout particulièrement les spectateurs. Mais Thomas Ladré a un penchant pour la bouteille ce qui ne correspond pas au caractère de Mourguet. Les absences du père Thomas deviennent de plus en plus fréquentes. Quand il n’est pas là le dialogue disparait et le public se raréfie. Laurent Mourguet se sépare du père Thomas. Alors, pour remplacer ce comédien Laurent Mourguet décide de créer une marionnette à l’image de ce personnage haut en couleur. Gnafron est né. Le nom de Gnafron vient de « gnafre », un regrolleur (cordonnier). Gnafron, ami de Guignol, est réputé pour être amateur de Beaujolais mais n'est pas qualifié d'ivrogne. Plus âgé que Guignol, ses propos sont toujours pleins de bon sens, c'est un philosophe. Il tempère l'ardeur de son ami et aime faire la fête avec lui. Guignol et Gnafron forment un duo mythique. Le nez et les joues écarlates, la bouche édentée, le galurin de travers et le tablier de savetier sont les attributs de Gnafron.
     

  • Canezou propriétaire de la maison où vit Guignol
     

  • Monsieur le Bailli, le juge

 

Ces personnages, les principaux du monde de Guignol, évoluent dans un castelet. Dans ce petit théâtre, le côté cour, à droite du spectateur lorsqu'il regarde la scène, s'appelle le côté Gui (pour Guignol). Le côté jardin, à gauche, prend le nom de côté Gna (pour Gnafron). La tradition veut que Guignol joue à droite du public et soit tenu par la main gauche du marionnettiste. Quant à Gnafron, c'est l'inverse, il est tenu par la main droite du manipulateur.

 

La naissance de Guignol

 

La première trace de Guignol remonte, vers 1808, lors de représentations dans quelques cafés-théâtres mais l'origine du personnage est moins définie que celle de Gnafron. La marionnette sculptée dans le bois de tilleul pourrait être inspirée de la propre image de Laurent Mourguet ou représenter le visage d'un de ses voisins canut.

 

Quant à l'origine du nom Guignol, de multiples hypothèses sont proposées :

 

  • le nom du voisin canut : Jean Siflavio Chignol. Gnafron appelle souvent son ami "Chignol"...
  • une ville italienne près de Pavie, Chignolo qui a une tradition de marionnettes au XVIIe siècle
  • une déformation de Guignolet, célèbre personnage de la pièce Nitouche et Guignolet de Dorvigny
  • "guign'oeil": qui louche

  • l'adjectif "guignolant" qui pourrait signifier "désopilant", mais que le Littré de la Grand'Côte, bible du parlé lyonnais publié en 1894, donne comme une déformation de "guignonnant", ennuyeux.

 

Les attributs de Guignol sont un long sarsifi (cadogan), un chapeau de cuir plat, une redingote de domestique et une tavelle (trique) qui permettent de l'identifier aisément dans toutes les représentations que l'on peut voir de lui. Il est jeune, plein de vie, impulsif, soupe au lait et respectueux. Guignol aime la fête, défend l'opprimé et se bat pour la justice.

 

Doté d'esprit et d'imagination, il dit ce qu'il pense même quand tout le monde se plie devant le pouvoir. Il dénonce l'injustice sociale le tout dans un parler lyonnais grivois et riche d'expressions truculentes.

 

Cette marionnette populaire et attachante qui va devenir l'emblème des Lyonnais et l'ambassadeur de la ville de Lyon à travers le monde. Les pièces de Laurent Mourguet s'exportent, des théâtres de Guignol s'installent à Paris. Si le succès est là, Guignol va cependant connaître en 1852 une période de censure, imposée par Napoléon III. Les textes doivent  être déposés en préfecture afin d’y obtenir l’autorisation pour être joués. Personne ne sachant écrire, c’est le lettré et marionnettiste Victor Napoléon Vuillerme-Dunand qui permettra de sauver le théâtre Guignol d’une fermeture certaine.

 

Guignol est a l'origine un spectacle destiné aux adultes et offrait aux spectacteurs une caricature de la société du XIXème siècle. Aujourd'hui, il n'a rien perdu de sa verve et continue de se moquer, toujours dans un esprit bon enfant, des personnalités qui rythment notre vie vie quotidienne. Guignol est également très connu des enfants aujourd'hui, mais il a fallu attendre les années 50 pour voir apparaître des pièces écrites et jouées pour les enfants.

 

Guignol à travers la Ville

 

Au sein du Théâtre Municipal 'Le Guignol de Lyon', la Compagnie M.A. joue des pièces du répertoire classique remises au goût du jour, ainsi que des créations contemporaines sur des sujets d’actualité, ceci pour les parents comme les enfants.
Le Guignol de Lyon - 2 rue Louis Carrand, Lyon 5e
tél: 04.78.29.83.36 - https://www.guignol-lyon.net

 

Le théâtre la Maison de Guignol vous présente deux types de spectacles : pour adultes et pour enfants... le tout autour d'un mâchon lyonnais si le coeur vous en dit. Faites votre choix mais n'oubliez surtout pas de réserver !
La Maison de Guignol - 2 Montée du Gourguillon, Lyon 5e
tél: 04.72.40.26.61 - https://www.lamaisondeguignol.fr

 

Au sein de la Compagnie Daniel Streble, de père en fils depuis 1930, les Streble font vivre la tradition lyonnaise. Installée à la croix-Rousse depuis dix ans, la Compagnie a fait ses armes au célèbre théâtre Mourguet avec la famille Neichthauser. Installée à la Croix-Rousse depuis plus de vingt ans, la Compagnie propose en matinée des spectacles pour enfants et en soirée pour adultes avec possibilité d’un mâchon (repas lyonnais).
Guignol un gone de Lyon - "La Ficelle" - 65 bd des Canuts, Lyon 4e

tél : 04.72.32.11.55 - http://www.guignol-un-gone-de-lyon.com

 

Au Véritable Guignol du Vieux Lyon et du Parc Tête d'Or était un théâtre itinérant fondé par Joseph Moritz au XIXème siècle, il est définitivement installé au parc de la tête d'Or en 1948 par Antoine Moritz et sa femme Yvonne, et fait la joie des enfants.
Au véritable Guignol - place Guignol, Parc de la Tête d'Or, Lyon 6e

tél : 06.77.99.02.28 - https://www.theatre-guignol.com

 

Musée des Arts de la Marionnette (Musée Gadagne) : le musée conserve la plus ancienne marionnette connue de Guignol et possède dans ses réserves plus de 2.000 marionnettes et un grand nombre de castelets : une visite s'impose.
Musée Gadagne - 1 place du petit Collège, Lyon 5e
Infos : 04.78.42.03.61 - Résa. : 04.37.23.60.46 - https://www.gadagne-lyon.fr/mam

 

Le Petit Musée Fantastique de Guignol présente différentes pièces originales dont des automates géants présentant l'un, Laurent Mourguet divertissant ses clients, et l'autre, Gnafron, en train de fabriquer des marionnettes. A découvrir, en passant rue Saint-Jean.
Disagn'Cardelli - 6 rue Saint Jean, Lyon 5e
tél : 04.78.37.01.67